Suite aux violences perpétrées à Niamey en raison des résultats provisoires proclamés par la CENI pour le 2nd tour de la présidentielle qui s’est déroulé le 21 février 2021, Alkache Alhada, ministre de l’Intérieur, de la Sécurité publique, de la Décentralisation et des Affaires Religieuses et Coutumières, a présidé le jeudi 25 février 2021, une conférence de presse à son cabinet. Selon le bilan, ces manifestations ont causé deux (2) morts et d’importants dégâts matériels. 468 personnes ont également été interpellées, pour ceux qui sont en fuite, la police nationale s’est engagée à leur poursuite.
Au cours de son allocution, Alkache Alhada a indiqué que « les jeunes qui composent essentiellement les émeutiers ont été poussés par certains responsables politiques. Je ne pas comprendre le fait que le candidat Mahamane Ousmane, lui-même ait opté pour la voie légale en choisissant de recourir à la cour constitutionnelle pour des éventuelles revendications, mais que ceux qui disent le soutenir, eux, choisissent la voie de la violence ».
En effet, lors des réunions et autres rencontres, certains responsables politiques ont lancé des propos incendiaires, provocateurs et incitateurs. Pour exemple, le ministre chargé de l’intérieur a évoqué le cas d’un d’entre eux qui aurait déclaré, le 29 août 2020, « de créer une alternance avant la tenue des élections de décembre 2020 ». « Comment peut-on, créer une alternance avant les élections, autrement que par la force, par un coup d’Etat. Je rappelle à ce titre la fameuse déclaration faite par ce leader qui disait que si sa candidature n’était pas retenue, alors ce qui est arrivé au Mali, arrivera au Niger. L’agenda de ce leader politique était de créer les conditions d’une insurrection, pour que le Niger se transforme en Mali…c’est ignoré que le contexte n’est pas le même au Niger et au Mali » souligne Alkache Alhada.
Le ministre en charge de l’Intérieur a rappelé lors de son intervention, le discours du même leader politique lors d’un meeting à Téra. Des mots qui résonnent comme un appel au meurtre. « Plusieurs autres propos de ce genre ont été tenus par l’intéressé, dont des propos racistes, c’est la première fois, au Niger, qu’un homme politique tient des propos aussi inacceptables que ce qu’il a dit en termes de xénophobie, de racisme et qui tendent à opposer blanc et noir au Niger. Le Niger est profondément attaché à la démocratie et ne se laissera pas piéger par ce genre de propos va-t-en-guerre » indique le ministre tout en précisant que « notre pays est un pays de grand brassage et ce brassage a été hérité de longue date et les Nigériens ont assumé cette histoire, à travers notamment des relations ancestrales, qui ont permis aux uns et aux autres de vivre en symbiose et en parfaite harmonie, sur la base des valeurs humanistes, solidaires, auxquelles s’attache le peuple nigérien et qui fondent le Niger ».
Se prononçant sur le bilan des violences à Niamey, le ministre de l’Intérieur a déploré « la mort de deux personnes » et a annoncé « l’interpellation de 468 émeutiers et de certains instigateurs des violences, tandis que d’autres sont activement recherchés. Pour les deux morts qu’on déplore, l’un était le garde rapproché de M. Seyni Oumarou et l’autre était un malade d’épilepsie, qui aurait succombé après avoir piqué une crise ».
Le ministre Alkache Alhada ajoute que le bilan dressé porte aussi sur « des destructions d’infrastructures publiques et privées, des menaces et des intimidations des citoyens par ceux-là qui se disent démocrates, par l’entremise des jeunes gens. Par exemple la maison du journaliste Moussa Kaka a été brûlée, non pas par des enfants de 13 ou 14 ans mais plutôt par ceux qui les ont envoyés. Tout comme ils sont responsables des pillages des boutiques, des stations-services ».
Selon Alkache Alhada, une évaluation sera faite et « les fauteurs de troubles et autres instigateurs payeront. Tous les actes qu’ils ont posés sont des actes répréhensibles, les auteurs, co-auteurs, complices, instigateurs des violences, de l’intérieur comme ceux de l’extérieur, par ce qu’il y a des gens qui les ont même financés, tous vont répondre devant la loi. Des dossiers sont en préparation et ils vont payer. Ces actes de vandalisme de vont pas rester impunis ».
Pour rappel, la cour constitutionnelle n’a toujours pas validé les résultats proclamés par la commission électorale nationale indépendante. Et depuis le jeudi 25 janvier 2021 dans la soirée le domicile de l’opposant Hama Amadou où les manifestants se regroupent, est encerclé par des éléments de la police, de la gendarmerie et de la garde nationale.
Vendredi en fin de matinée, l’opposant s’est lui-même rendu à la Police Judiciaire en compagnie de deux de ses avocats. Le leader du principal parti d’opposition, le Moden FA Lumana, qui a soutenu Mahamane Ousmane, voulait s’enquérir des raisons de l’encerclement de son domicile et de sa recherche par les autorités de Niamey. Si on s’en tient aux propos du ministre de l’intérieur, Hama Amadou devra répondre du chef d’accusation d' »incitation à la violence ». Pour l’heure, ce samedi la capitale nigérienne a quelque peu retrouvé son calme
Akiné Fatouma pour niameyinfo.