Voilà une déclaration qui devrait faire couler beaucoup d’encre et de salive dans l’arène politique nigérienne. Il s’agit de la récente sortie médiatique du ministre porte-parole du gouvernement, Abdourahaman Zakaria, qui au micro de nos confrères de la Deutche Welle (DW) annoncé sans ambages qu’avec ou sans l’opposition, les élections auront lieu.
Cette sortie médiatique d’un éminent membre du gouvernement vient jeter un froid quand on sait que quelques jours plus tôt, l’opposition nigérienne était dans les rues pour contester le processus électoral enclenché. La Commission électorale nationale indépendante (CENI) a en effet démarré la première phase de l’opération d’enrôlement des électeurs pour l’élaboration du fichier biométrique électoral. Un démarrage contre lequel s’insurgent les leaders de l’opposition réunis au sein du FRDDR et du Front patriotique car ils accusent la CENI de partialité et de conduire un processus non transparent et non inclusif. Un processus que l’opposition boycotte d’ailleurs en signe de protestation.
C’est donc en échos à cette manifestation et aux déclarations qui exigent une cessation du processus, que le porte-parole du gouvernement, Abdourahaman Zakaria a déclaré ce mercredi 2 octobre, que le processus électoral se déroule normalement et se poursuivra, « avec ou sans l’opposition ». Dans son entretien accordé à la DW, le ministre, cadre du PNDS Tarrayya au pouvoir, a assuré que le boycott de l’opposition ne changera rien au chronogramme du processus électoral. Il a en ce sens rejeté en bloc les accusations de l’opposition, et a par la même occasion exclut toute nouvelle révision du Code électoral notamment le fameux article 8. « L’article 8 est ainsi, l’opposition est bien représentée dans la commission mais refuse de prendre sa place », a ajouté le ministre Abdourahaman Zakaria. Le ministre a peut-être donné à l’opinion nationale et internationale l’assurance que des dispositions sont prises par le gouvernement pour le bon déroulement des élections.
Face à ce qui semble être un durcissement de ton du pouvoir en place déterminé à concerver le code électoral en l’état, l’opposition laisse entendre qu’elle restera elle aussi droit dans ses bottes. « Ce seront des manifestations qui ne vont pas s’arrêter jusqu’à ce que nous arrivions à contraindre le pouvoir en place et qui permettra à l’ensemble des Nigériens, en tout cas qui le souhaitent, d’être candidats aux prochaines élections » disait Soumana Sanda du MODEB FA LUMANA. Tous les autres partis de l’opposition sont sur cette même longueur d’onde. Le code électoral, tel qu’il est actuellement ne passera pas.
Ce regain de tension sur la scène politique nigérienne survient alors même que Niamey abrite, un Sommet internationale organisé par la National Democratic Institute (NDI) axé sur la limitation des mandats présidentiels et la passation pacifique du pouvoir en Afrique. Une rencontre qui à son ouverture, a vu le Chef de l’Etat Issoufou Mahamadou, s’enorgueillir en ces termes « Mon désir le plus ardent est de passer le pouvoir en 2021 à un successeur démocratiquement élu, ce sera une première dans notre pays depuis son accession à l’indépendance ». Ça n’en prend pas pour le moment le chemin. C’est le lieu de faire appel au médiateur de la république, et faire renaitre Le Conseil National de Dialogue Politique CNDP qui a cessé d’exister depuis le retrait de l’opposition. Un consensus de haut niveau s’impose, les élections doivent se tenir dans une quiétude sociale et politique pour prioriser le choix des électeurs.
Almoustapha Danguida pour Niameyinfo.