Dans une interview accordée ce jeudi 16 janvier à nos confrères de RFI, l’opposant sénégalais Ousmane Sonko interrogé sur la question relative à la coopération entre la France et les pays du G5 Sahel sur le plan militaire, dans la lutte contre le terrorisme, a fait cas de sa consternation suite aux déclarations du président nigérien lors du sommet extraordinaire du G5 Sahel le dimanche 16 décembre 2019 tenu à Niamey, lorsqu’il affirmait que « tous ceux qui réclament le départ des troupes françaises font pire qu’attaquer nos troupes ».
On se souvient de ce passage de l’intervention du n°1 nigérien, qui avait suscité des vives réactions sur la toile bien au-delà des frontières de son pays. « Ceux qui jouent leur jeu de manière consciente ou inconsciente, ceux qui s’attaquent à nos alliances, ceux qui veulent les défaire font pire qu’attaquer nos troupes. L’opinion publique de chacun de nos pays doit en prendre conscience (…) Dans le combat contre le terrorisme nous avons besoin non pas de moins d’alliés mais de plus d’alliés » avait déclaré Issoufou Mahamadou alors que se tenait à Niamey un sommet extraordinaire du G5 Sahel quelques jours après l’attaque d’Inatès et alors même que Emmanuel Macron venait de « convoquer » les cinq dirigeants à Pau afin qu’ils clarifient leurs positions quant à la présence militaire française dans la région.
Pour Ousmane Sonko, les propos sonnent comme une menace « j’ai été au Niger récemment et j’ai entendu le président nigérien dire que, tous ceux qui réclament le départ des troupes françaises sont des suppôts du terrorisme. Cela veut dire que toute opposition, citoyenne ou politique, peut-être demain qualifiée d’apologie du terrorisme ou je ne sais quoi. Et ces présidents – nos présidents – vont s’en servir pour « mâter » l’opposition » a déclaré le leader du Pastef/Les Patriotes, grand partisan du panafricanisme et qui avec cinq de ses pairs de la sous-région (Niger, Burkina Faso,Guinée Conakry, Tchad et Togo) œuvrent à créer une Internationale des mouvements patriotiques, progressistes, panafricains.
Ousmane Sonko regrette donc la situation qui prévaut dans la région du Sahel qui selon lui traduit un « échec total », car des zones entières ont été totalement délaissées. « Donc c’est un échec africain, un échec de la Cédéao », martèle-il.
Celui qui a par ailleurs fait de la réforme du CFA, un de ses sujets de prédilection, à saluer l’annonce de la réforme annoncée en décembre dernier par les Chefs d’Etat ivoirien, Alassane Ouattara et Français, Emmanuel Macron, mais attend de voir. « Sur les questions liées à l’appellation, au dépôt des réserves de change à la Banque française et même à la présence française dans les institutions, on a fait un bond qualitatif. Mais nous considérons que maintenant il faut s’atteler aux questions techniques, la question de la parité fixe, et il y a la question également de l’institution qui doit gérer cette monnaie (…) la France a décidé, uniquement avec un président, d’une monnaie qui concerne huit pays. On n’a entendu jusqu’à présent aucun autre président de cette zone s’adresser à son peuple. Or, la monnaie est une affaire du peuple.
Ousmane Sonko se réjouit en outre que les voix qui s’élèvent du continent soient de plus en en plus audibles : « Le président français et la France ont compris qu’il est temps d’écouter un peu plus les Africains et d’aller vers un changement du paradigme qui fonde nos relations. Il n’y a pas de sentiment anti-français, en réalité. Il y a un sentiment patriotique et panafricain. Je crois que le président Macron a compris cela. J’ose espérer que cette dynamique va continuer », laisse entendre l’opposant sénégalais.
Almoustapha Danguida pour Niameyinfo.