Le dimanche 9 février 2020, pour l’ouverture du 33ème sommet de l’organisation panafricaine, Antonio Guterres a honoré de sa présence le siège de l’Union africaine à Addis-Abeba. En marge de ce sommet, le secrétaire général de l’ONU a accordé, un entretien à RFI et France 24 depuis Addis-Abeba, en Éthiopie. Au cours de cet entretien, Antonio Guterres s’est exprimé sur la crise libyenne et les initiatives pour y mettre fin, mais aussi sur la situation sécuritaire dégradée au Sahel.
« Je crois qu’il faut reconnaitre que le terrorisme est en train de gagner, ce qui se passe au Burkina Faso, au Mali et au Niger est une tragédie humanitaire avec un impact terrible sur les Etats eux-mêmes », a souligné Antonio Guterres.
Le patron des nations unies n’a pas passé par quatre chemin pour affirmer l’insuffisance des moyens déployés au sahel pour faire face à cette crise, « Soyons clairs, le dispositif de sécurité qui existe aujourd’hui au Sahel est insuffisant pour faire face à la menace terroriste. Nous avons la Minusma, qui est une force de maintien de la paix, nous avons le G5 Sahel, nous avons l’opération française Barkhane et il y a une présence américaine au Niger. Tout ça, ensemble, est insuffisant. Naturellement, si l’une des parties sort, les difficultés seront encore pires ». Selon lui, avec ces actes de terrorisme, il y a un risque réel que la présence de l’Etat soit réduite. « Quand il y a une situation de terrorisme, une situation où la paix n’existe pas, il nous faut une force d’imposition de la paix, une force contre-terrorisme qui doit avoir la capacité militaire suffisante, qui doit avoir un mandat clair du Conseil de sécurité sous chapitre 7 et un financement garanti avec des contributions obligatoires », a déclaré Antonio Guterres.
Ses propos laissent entendre que terrorisme progresse au Sahel, vers le sud, il y a une liaison avec le lac Tchad. Et d’ajouter qu’il y a des phénomènes de nature terroristes en RDC et au Mozambique. Il reconnaît que, depuis trois ans, cette demande de mandat robuste et de contributions obligatoires n’est pas entendue par les États-Unis de Donald Trump, mais « je continuerai à me battre pour ce que je crois. Mais je crois que maintenant, les faits démontrent qu’il faut le faire ! ».
S’agissant de la crise libyenne :
Le secrétaire général des Nations Unies a l’espoir qu’un cessez-le-feu soit signé rapidement en Libye. « On a beaucoup progressé et […] il y a eu une attitude constructive des deux parties. » Il n’a pas pu être signé ce samedi à Genève en raison de points de blocage : « Il y a encore des questions à régler. Questions sur les problèmes du désarmement des groupes, questions sur les positions finales des deux forces mais je crois qu’il y a au moins un espoir ». Mais le secrétaire général de l’ONU se dit confiant. Côté politique, Antonio Guterres soutient fortement le projet d’un forum de réconciliation inter-libyen que veut organiser l’UA en terres africaines. « Ce forum pourra, si on réussit ce cessez-le-feu, et si les volets de dialogues font des progrès, consolider le processus de paix sérieux en Libye. Pour ça, il faut que les interventions externes se terminent. Pour que le cessez-le-feu soit une réalité, il faut que l’ingérence extérieure ne continue pas à compromettre la capacité des Libyens à trouver des solutions à leurs problèmes ».
Il y a tout un travail à faire pour que chacun soit représenté sans discrimination et sans privilégier n’importe quel groupe. On est à un moment où il faut que la société libyenne puisse se rallier pour être ensemble, pour qu’un futur État libyen soit possible », a indiqué Antonio Guterres.
Almoustapha Danguida avec RFI pour Niameyinfo.