La conquête de la « maison verte » s’annonce tendue. L’Alliance pour la Paix et la République (APR) et le parti PJD DOUBARA s’unissent pour contester en justice la validité du certificat de nationalité de Bazoum Mohamed, candidat du PNDS Tarayya. Ces déclarations faites à 13 jours du scrutin présidentiel ont-elles un lien avec la dominance de la couleur Rose dans les grandes villes du Niger lors de la campagne en cours et les résultats des municipales ?
On pensait cette affaire close avec l’arrêt rendu le 02 décembre dernier par le Tribunal de Grande instance de Diffa rejetant la saisine portant sur la nationalité du candidat Mohamed Bazoum. Deux autres décisions distinctes avaient déjà été rendues dans la même affaire. Pourtant elle est loin d’être terminée puisque deux candidats à la présidentielle viennent de la remettre sur le tapis et entendent saisir la Haute juridiction pour faire invalider la candidature du porte-flambeau du parti au pouvoir.
Dans un communiqué de l’Alliance pour la Paix et la République (APR), rendu public ce mardi 15 décembre 2020, il peut être remarqué que ladite alliance met en doute la crédibilité et l’impartialité du juge constitutionnel. « Au cours des dernières semaines, la Cour Constitutionnelle, juridiction suprême compétente en matière constitutionnelle et électorale, a rendu plusieurs arrêts dont les motivations et les conclusions ont laissé perplexe plus d’un citoyen » a souligné Seini Oumarou, Président de l’APR.
Le président de l’Alliance n’a pas hésité à rappeler l’Article 120 de la constitution, qui stipule que la Cour Constitutionnelle est responsable de la régularité, de la transparence et de la sincérité des élections présidentielles et législatives. Elle est donc garante de la sérénité du climat social et de la paix. « C’est pourquoi, les contestations sérieuses portant sur l’inéligibilité d’un candidat à la fonction suprême de notre pays, ne sauraient être traitées avec la légèreté et la partialité flagrantes supposées, relevées par l’ensemble de la classe politique et les spécialistes de la Science Juridique » estime-t-il.
L’Alliance ne pouvant continuer à s’accommoder d’une situation qu’elle juge faite de « déni du droit et qui met gravement en péril la paix et la sécurité nationales », a interpellé le Président de la République, magistrat suprême, sur « son rôle de garant du respect de la Constitution et du fonctionnement régulier des institutions de la République. Sa responsabilité est donc engagée dans cette situation critique dont l’évolution à court terme, pourrait menacer le déroulement normal du processus électoral et conséquemment la continuité même de l’Etat ».
Au terme du communiqué l’APR lance un appel « aux membres de la Cour Constitutionnelle afin que, conformément à leurs serments, ils respectent la Constitution et les Lois de la République, dans les jugements des contentieux portés devant elle » tout en précisant que l’alliance est « prête à se joindre à toute action légale, visant à garantir un déroulement normal du processus électoral, dans la transparence, la justice, l’équité et le respect strict de la Constitution et des Lois de la République ».
Par ailleurs ce même jour, lors d’une rencontre initiée par le parti PJD DOUBARA et à laquelle a pris part l’opposition réunie au sein du CAP20-21, Salou Djibo, ancien Chef d’Etat nigérien et candidat déclaré à la présidentielle du 27 décembre prochain, a lui aussi déclaré son intention de saisir la Cour Constitutionnelle pour contester la nationalité d’origine du candidat de PNDS Tarayya, Bazoum Mohamed.
Ces sorties simultanées de deux candidats à la présidentielle, augurent d’une suite du processus électoral encore plus tendue dans un contexte déjà marqué par une double crise, sécuritaire et sanitaire.
Akiné Fatouma pour niameyinfo.