Niger/Manifestations Post-électorales : ça casse, ça pille et ça broie du « rose » !

Depuis la proclamation des résultats provisoires par la Commission Electorale Nationale Indépendante le mardi 23 février 2021 de violentes manifestations ont cours à Niamey. Les militants de l’opposition ne veulent pas clore le chapitre, pour eux seul le candidat Mahamane Ousmane du RDR Tchandji soutenu par Hama Amadou, mérite la victoire. Et pour cela ils sont prêts à tout!

Ces dernières 48 heures,  les Nigériens ont été privés de connexion internet afin d’empêcher ou de réduire les regroupements des manifestants, mais chose vaine car la situation s’est exacerbée, les confrontations policières et les casses des jeunes sont devenues de plus en plus violentes. Armes à feu, machettes, bâtons, « Koira go Ga zanga-zanga », la ville manifeste comme le disent certains.

Ces violences ont conduit à la fermeture de plusieurs commerces, dont la plupart ont même été victimes de pillages. Elles ont aussi entrainé la fermeture de nombreuses écoles et réduit la liberté de circulation.

Tout au long des carrefours et axes routiers, des groupes de jeunes brulent les pneus et cassent tout sur leur chemin tandis que les riverains apeurés se cachent derrière leurs portes ou murs pour observer. Les gaz lacrymogènes lancés par les forces de l’ordre pour disperser les manifestants ont aussi causé leur part de dégâts. Les familles se trouvant au milieu de ces confrontations ont été des « dommages collatéraux », larmes qui coulent par-ci, nez qui coulent par-là, et des suffocations, car victimes d’une atmosphère lourde. La météo nationale n’a surement pas prévu que la température sera aussi élevée.

Cette situation alarmante est considérée juste pour certains manifestants. « Pour moi c’est tout à fait normal. Voler, casser, bruler, tant que cela restaurera la justice, il faut le faire. Il faut tout faire. Tout cela est à cause du pouvoir actuel. C’est le résultat des dix ans de frustration, il faut un changement, on ne veut pas de la continuité ! » lance avec colère l’un d’entre eux. Par contre pour d’autres, les manifestants auraient pu avoir une autre stratégie. « C’est vrai nous sommes en démocratie. Il n’y a rien de mal à revendiquer son droit ou manifester son opinion, mais il faut le faire selon les normes de la démocratie du pays. Les biens que ces jeunes détruisent seront réparer après sur leurs fonds propres à travers les impôts.  Ils auraient pu manifester sans porter préjudices à leurs concitoyens. J’appelle surtout les têtes de l’opposition à appeler ses militants au calme, à l’ordre » déplore un autre témoin.

En effet, le candidat principal de l’opposition, n’a toujours pas lancé un message invitant au calme ses militants, partisans et sympathisants. Pour le moment les seules déclarations qu’il eut faites c’est de revendiquer la victoire avec 50,30% contre 49,70% de son challenger depuis son domicile de Zinder.

Les manifestants s’en prennent notamment au symbole du pouvoir et ses alliés. Comme pour se venger de sa « trahison », les manifestants pro-opposition ont saccagé sur leur passage le siège principal du MNSD Nassara, parti de Seyni Oumarou qui a occupé la troisième position lors du premier scrutin présidentiel du 27 décembre 2021, et qui a rejoint le candidat du parti au pouvoir, Mohamed Bazoum, même après avoir contesté sa nationalité.

De plus il peut être constaté autour de ses manifestations un relent de tensions inter-ethniques, plusieurs commerces arabes et Touaregs ont été vandalisés et pillés, notamment les stations de carburants, des boutiques d’alimentations générales et banques. Même ceux étrangers comme les stations Total. En circulation les voitures conduite  des personnes de teints claires sont attaquées. « Voici une bouzou lancez des pierres ! » criait un des manifestant lorsqu’il remarque une femme de peau claire dans une voiture.  « La nuit je voulais rendre visite à un ami, et pendant que je conduisais, j’attends des bruits dans ma voiture. C’était les manifestants qui me lançaient des pierres» confie une des victimes.

A Niamey porter le rose, c’est être une cible

Désormais avant de sortir, il faudra bien choisir la couleur de sa tenue. Eh oui ! le rose qui à la base désigne la tendresse, l’amour, la douceur, change complètement de signification au Niger. Maintenant il symbolise le danger car c’est la couleur qui représente le parti au pouvoir.

Ce n’est désormais plus de bon ton de porter du rose, ou d’avoir une affiche politique du PNDS Tarrayya collée sur sa voiture ou sur son portail et passer en toute tranquillité à côté des manifestants. C’est l’exemple parfait de la corrida à la nigérienne.

 Pour avoir la chance de s’en sortir, il n’existe qu’un seul mot de passe « Tchanji dolé », autrement dit en français « obligatoirement Tchanji ».

Au regard des évènements qui prévalent, si une solution ne s’impose pas au plus tôt à l’initiative des  leaders de l’opposition et du parti au pouvoir, la crise actuelle aura des répercussions bien plus profondes et même probablement irréversible. Le Niger a toujours été un pays uni, à travers sa diversité culturelle, ethnique, religieuse, le vivre ensemble etc. la priorité doit être l’intérêt commun du Niger, non l’intérêt individuel.

Akiné Fatouma pour niameyinfo.