La région du Sahel est depuis quelques années, confrontée à une prolifération des médicaments contrefaits et d’origines douteuses. Ceci, au point de devenir un problème de santé publique qui inquiète l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) avec des centaines de morts par an. Avec de plus en plus de saisies de faux médicaments de tous genres, le Niger est devenu une plaque tournante de ce trafic qui endeuille des familles et inquiète les pays sahéliens.
Le cas du Niger : zoom sur la capitale
A Niamey, dans la capitale nigérienne, il est courant de voir un vendeur ambulant portant un plateau rempli de médicaments. L’un des problèmes est le fait que ces médicaments proviennent du trafic illicite, et le plus gros problème ce qu’ils peuvent être faux ou falsifiés. Mettant du coup la vie des personnes qui les consomment en danger. Ces vendeurs ambulants se trouvent dans les quartiers mais aussi sur les marchés où ils s’approvisionnent. Certains vendeurs se déplacent en petites voitures bourrées de ces médicaments. Et ils n’hésitent pas à se placer devant des lieux stratégiques comme les centres de santé ou les maternités.
Quelles conséquences sur la Santé
Les conséquences de ces faux médicaments sur la santé sont énormes.
Selon les dernières données de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), chaque année des centaines d’Africains sub-sahariens sont victimes de ces faux médicaments.
L’agence onusienne estime les pertes en vie humaine à hauteur de « 270.000 personnes » par an « pour avoir consommé des médicaments antipaludiques falsifiés et de qualité inférieure »
Et les dégâts en vie humaine ne s’arrêtent pas là « En outre les décès de 169.271 enfants dans la région sont attribués à l’usage d’antibiotiques contrefaits pour traiter la pneumonie sévère de jeunes malades. ».
Les médicaments contrefaits tuent des centaines de milliers de personnes dans les pays du Sahel, rapporte l’ONUDC | ONU Info (un.org) Dans le même rapport « diverses études estiment qu’entre 19 et 50% des produits pharmaceutiques sur le marché dans les pays du Sahel sont falsifiés. ».
Comment protéger le continent ?
Des structures de régulation et réglementation se mettent en place pour protéger l’Afrique de ce fléau. Bien que chaque pays possède sa propre législation contre le crime organisé, il devient de plus en plus urgent d’avoir une réglementation intercontinentale. La convention Médicrime fait directement écho à ce besoin. Il s’agit d’une convention internationale qui criminalise la falsification des produits médicaux et leur distribution. Le Niger l’a ratifiée en 2021.
Sur plan national
Le Niger dispose de sa propre cellule de lutte contre les produits illicites. L’Octris (Office Centre de Répression du Trafic Illicite des Stupéfiants) a effectué plusieurs saisies en 2022. Dont une saisie en novembre dernier à Maradi, de plus de 64 000 comprimés de Tramadol. Une des plus grosses saisies de l’année.
Talatah ABDOU BAHAR pour Niameyinfo.