Maradi, la capitale économique du Niger subit de plein fouet les conséquences de la fermeture des 1500 km des frontières entre le Niger et le Nigeria. Une décision prise par le président nigérian Muhammadu Buhari pour des raisons de sécurité mais aussi de protectionnisme économique.
Sans crier gare, le 14 août dernier, le grand voisin nigérian fermait ses frontières. Cela fait aujourd’hui deux mois que cette mesure unilatérale prise par Abuja dure, mettant à la peine l’économie de ses voisins. Les rencontres au sommet et les négociations de coulisses, n’ont pour l’heure pas fait fléchir, le n°1 de l’Etat fédéral. En effet, accusant ses voisins notamment le Bénin et le Niger, de déverser sur son marché des produits importés alors même qu’il mène une politique d’autosuffisance alimentaire en riz particulièrement, Muhammadu Buhari a décidé de durcir le ton. Si nombreux étaient ceux qui pensaient que la fermeture des postes frontaliers entre les deux pays, n’allait durer que quelques jours, ils ont vite déchanté. C’est parti de toute évidence pour durer.
Le grand frère a décidé de donner une véritable et durable leçon à ses jeunes frères et visiblement il atteint son objectif. Les villes frontalières, à savoir Maradi du côté nigérien, qui dépendent fortement des transactions commerciales avec l’autre côté de la frontière, sont au bord de l’asphyxie. Les commerçants se retrouvent avec leurs produits sur les bras et les agriculteurs qui écoulaient la grande partie de leur production vers le Nigeria s’en sortent avec plusieurs tonnes avariés faute de débouchés. Conséquence, les prix sont en chute libre. Le Niébé par exemple qui était à 283 Fcfa le kilogramme, il y a encore quelques semaines, ne vaut plus que 190 Fcfa et la tendance baissière n’est pas prête de s’arrêter aussi longtemps que durera la fermeture des frontières.
Une situation que déplore les professionnels du secteur. Au micro de nos confrères de RFI, le président de la chambre de commerce régionale El hadji Sani Souley Nassaley, s’alarme « « les prix ne font que baisser, nous n’avons pas où stocker nos produits et la consommation locale est très faible ». Tout comme lui, le vœu de tous les acteurs de l’économie locale est que le géant ouest africain revienne sur sa position. Ce qui n’en prend pas pour le moment le chemin. En attendant, tous les regards sont tournés vers Niamey afin que des mesures d’accompagnement soient prises pour maintenir locale à flot mais aussi intensifier le lobbying auprès d’Abuja.
Waliyullah.T. pour Niameyinfo.