De toute l’histoire politique nigérienne, jamais les femmes ne se sont aussi intéressées aux scrutins que pour ces élections locales et générales. Elles se sont massivement présentées pour les scrutins municipaux et législatifs mais pas une seule candidates n’est sur la ligne de départ pour la course à la magistrature suprême. Si une loi fixant un quota de représentation des femmes au sein des partis politiques a été votée et favorise cet engouement de la gente féminine pour les joutes électorales, il n’en demeure pas moins que la route est encore longue pour une forte représentativité des femmes dans les instances décisionnelles.
Mais avant toute chose, faisons l’état des lieux de la présence dans les différentes instances nationales. A l’Assemblée Nationale, sur un effectif de 171 députés, 29 sont des femmes contre 142 hommes soit 16, 96, %. Au niveau des conseils régionaux sur les 260 conseillers, on y dénombre 36 femmes contre 224 hommes soit 13,84%. Au niveau des conseils municipaux, sur les 3676 conseillers, 584 sont des femmes contre 3092 hommes soit 15,80%. S’agissant des conseils des villes, sur les 104 conseillers, 17 sont des femmes contre 87 hommes soit 16,34% de l’effectif. On constate également une sous-représentation des femmes dans les instances et organes décisionnels des partis politiques. En effet, sur les 1027 membres des bureaux des quatorze partis politiques, les femmes sont au nombre de 196 contre 831 hommes soit 19,08%. Ce qui à priori, dépasse les 10% prévus par la loi sur les quotas, mais n’atteint pas les 25% consacrés pour les postes nominatifs. Aussi, lorsqu’elles sont membres du bureau, elles sont rarement à des postes de premiers plans dans les partis. En effet la loi prévoyait d’octroyer 10% pour les fonctions électives et 15% pour les nominations postes et emplois supérieurs de l’Etat pour l’un ou l’autre sexe, puis à 15 et 25%. Et cela jusqu’en 2019, date à laquelle le quota a été rehaussé par l’assemblée nationale. Il est désormais passé à 25% et 30% respectivement.
Il importe de préciser que conscientes de leur condition de vie, les femmes au Niger n’ont pas gardé les bras croisés pour participer au développement du pays. Longtemps mises de côté dans toutes les entreprises et initiatives nationales, les femmes ont commencé petit à petit à revendiquer leurs droits. On ne peut donc pas parler de participation au développement politique sans pour autant souligner la contribution du genre féminin aux divers secteurs de développement au Niger.
Pour Mme Maiga Halimatou Salissou, une des femmes candidates aux élections législatives, « tant que nos voix ne pourront nous aider à faire des lois allant dans le sens de l’atténuation des souffrances de femme rurale, de l’autonomisation de la femme, de la création de l’emploi pour les jeunes, je pense qu’on aura alors échoué», affirme-t-elle avant de déclarer que «l’idéal aurait été qu’il n’y ait même pas cette question de quota et que les femmes compétissent comme les hommes, qu’elles se battent pour prendre ce qui leur revient de droit, qu’elles siègent au sein des institutions parce qu’elles l’ont mérité ».
En démocratie, la participation politique se fait essentiellement au niveau des partis politiques qui sont les structures chargées de participer aux élections pour conquérir et exercer le pouvoir. Pourtant, si on part du principe de 10% de l’un ou l’autre sexe dans les postes électifs, les données au plan national sont encourageantes. Globalement, sur les 4040 élus que compte le Niger, 637 sont des femmes contre 3403 hommes soit 15,76%.
C’est un fait, les femmes sont sous-représentées dans les instances de prise de décision dans l’écrasante majorité des partis politiques surtout si l’on compare cette présence à leur poids démographique, électoral et social. La politique du genre est inexistante au sein de l’essentiel des partis politiques et que, ceux qui l’invoquent ne l’appliquent qu’insuffisamment et /ou selon les circonstances, à l’occasion des consultations électorales aux fins d’engranger des suffrages.
Selon Hadjia Zalika Dandakoye, également candidate aux élections législatives «l’augmentation du quota est une bonne chose, mais nous allons nous battre pour que de 25% nous arrivons au 50%, c’est-à-dire la parité. Nous sommes aussi en train de lutter au sein de nos partis pour permettre aux femmes d’occuper plus de postes au sein des instances dirigeantes».
Comme on le constate, la participation du genre féminin aux affaires politiques au Niger est négligeable. Malgré les progrès obtenus grâce aux combats qu’ont engagés les associations sociétés civiles, les ONG, ont porté leurs fruits, le bout du tunnel est encore loin. Il est encore loin, le moment où l’on verra une dizaine de femmes candidates à la présidentielle.
Hamadou Moussa Fatahou pour Niameyinfo.