Abandonnés et marginalisés, les repentis de Boko Haram lancent un cri d’alarme

A la mi-décembre, une centaine de repentis de Boko Haram ont quitté le camp de Goudoumaria après avoir suivi un programme de déradicalisation et une formation professionnelle à travers laquelle ils ont acquis des connaissances en mécanique, plomberie, menuiserie et couture ouvrant la voie à leur réinsertion sociale.

Ces anciens combattants de Boko Haram ont posé les armes dans l’optique de débuter une nouvelle vie au sein de la communauté. Mais dans les faits, la réalité est tout autre. Ils l’ont fait savoir à travers une lettre qu’ils ont adressé au Gouverneur de la région de Diffa.

La lettre décrit en plusieurs paragraphes la situation délétère que traversent les repentis depuis leur sortie du camp de Goudoumaria, où ils ont collectivement prêté serment sur le Saint Coran. Cette décision a été jugée exemplaire, saluée et soutenue par les autorités administratives, coutumières et responsables des organismes internationaux.

La lettre rappelle l’engagement solennel du président de la République lorsqu’il déclarait que « nous sommes prêts à leur garantir la vie sauve et créer les conditions de leurs réinsertion socioéconomique ». La surprise est qu’en dépit de cet engagement et les compétences acquises par ces derniers, leur réinsertion relève d’un parcours de combattant.

Durant ces deux derniers mois, ils ont étés laissés à eux-mêmes, et abandonnés par leurs compatriotes qui les regardent d’un mauvais œil. La méfiance, la suspicion et le mépris prévalent à leur encontre, à cela s’ajoute les problèmes de subsistance car n’ayant pas des ressources suffisantes.

Désespérés, ils informent que « certains d’entre nous sont des pères de familles, pour trouver une maison de location dans les milieux d’accueils, nous rencontrons des propriétaires qui affichent une certaine méfiance à notre égard, s’ils n’opposent pas un refus catégorique ». Cette situation ne facilite pas leur réinsertion et constitue un frein pour leur épanouissement social, disent-ils.

« A l’heure actuelle certains d’entre nous sont dans des abris de fortune à la périphérie de centres urbains (cas de la région de diffa), exposés aux intempéries, sans compter les éventuels attaques, enlèvements et assassinats par les éléments incontrôlés de la nébuleuse organisation, en suivant nos mouvements » ajoutent-ils.

Ils demandent au Gouverneur, premier responsable de la région d’intercéder en leurs faveurs auprès des autorités compétentes et organismes humanitaires pour un toit en faveur de chaque repenti dans le camp des réfugiés en construction dans la région de Diffa, puis un espace au niveau des centres urbains auprès des mairies afin d’exercer les petits métiers et une assistance pour leurs besoins alimentaires.

Almoustapha Danguida pour Niameyinfo.