Visiblement au Niger ou partout ailleurs, il n’y a aucune logique qui tienne en politique, seuls les intérêts guident les choix et non les principes. Comme se plaît à le dire certains observateurs de la scène politique nigérienne, « politique nigérienne si on t’a expliqué et que tu as compris, c’est que tu n’as pas compris ». Douze(12) jours après avoir démenti dans un communiqué rendu public le 24 janvier 2021, le ralliement entre le candidat Seyni Oumarou du MNSD Nassara et le candidat Mohamed Bazoum du PNDS Tarraya et jusqu’à même contester la nationalité de ce dernier, le Mouvement National pour la Société de Développement (MNSD-Nassara) a fait le choix de la continuité dans la mouvance présidentielle. Une décision qui a engendré des rififis au sein du mouvement.
En effet, après des supposés rumeurs qui ont circulé sur les réseaux sociaux, faisant état de la signature d’un prétendu accord électoral portant sur le second tour de l’élection présidentielle, entre Seyni Oumarou et Mohamed Bazoum, le directeur National de Campagne du MNSD Nassara, Moussa Harouna a rappelé dans le communiqué publié le 24 janvier 2021 que le MNSD a « conjointement avec d’autres candidats, contesté la légalité de l’éligibilité de la candidature de Bazoum Mohamed devant la cour constitutionnelle », tout en précisant que « Seyni Oumarou est un homme de principe qui tient au respect scrupuleux des lois et règlements de la République ainsi que des dispositions de notre Constitution ».
Il est aussi à rappeler que plus loin, dans un communiqué de l’Alliance pour la Paix et la République (APR), rendu public le mardi 15 décembre 2020, dont Seyni Oumarou est le président, il peut être constaté que l’alliance ne pouvant continuer à s’accommoder d’une situation qu’elle juge faite de « déni du droit et qui met gravement en péril la paix et la sécurité nationales », a interpellé le Président de la République, Magistrat suprême, sur « son rôle de garant du respect de la Constitution et du fonctionnement régulier des institutions de la République. Sa responsabilité est donc engagée dans cette situation critique dont l’évolution à court terme, pourrait menacer le déroulement normal du processus électoral et conséquemment la continuité même de l’Etat ». Situation qui concerne bien évidemment « la validité du certificat de nationalité de Bazoum Mohamed, candidat du PNDS.
Malheureusement pour les partisans du candidat du RDR Tchanji, espérant que le candidat du MNSD aurait apporté son soutien au leur, en politique les principes ne comptent point, seuls les intérêts définissent les règles du jeu. En effet, contre toute attente, à l’issue d’une session extraordinaire du bureau politique national du MNSD Nassara, le mercredi 3 février 2021, le bureau a finalement annoncé le soutien du MNSD Nassara en faveur du candidat Mohamed Bazoum pour le second tour de l’élection présidentielle.
Par ailleurs, perçu autrement ce coup aurait pu être prévisible, car depuis l’ouverture de la campagne pour les élections générales, le 5décembre 2020, le MNSD Nassara n’a pas rompu ses liens avec la Mouvance présidentielle. Selon un militant de ce parti « au dernier conseil des ministres du vendredi 29 janvier 2021, des militants du MNSD Nassara ont été nommés à des postes ».
Même si le MNSD Nassara affirme avoir mis en avant « les intérêts du pays et préserver la stabilité des institutions » et mis en évidence « les progrès réalisés par le régime en place, qui à l’espace d’une décennie à hisser le Niger dans le concert des nations », cela n’a pas suffi pour convaincre certains partisans et sympathisants de cette formation politique, concernant le choix de rallier les deux candidats. Par exemple, même l’administrateur de la page Facebook du parti a montré son mécontentement sur ces mots : « la plus grande honte nationale après que le président du parti a déclaré publiquement que Mr Bazoum n’est pas nigérien d’origine aujourd’hui le bureau politique national décide de suivre ce monsieur. L’honneur et la dignité a quitté notre grand parti. Le Président Tandja est sûrement en train de se retourner dans sa tombe…car aujourd’hui ce qui a été créé par ce grand monsieur a été complètement détruit par Mr Seyni Omar. En tant qu’administrateur de cette page et rappelle que je parle en mon propre nom personnel et non celui du MNSD, car j’ai décidé de ne pas faire partie de cette honte nationale ». Mais comment en vouloir à celui qui cherche son « Kayan miya » et qui veut consolider et avancer ? Disent certains.
Au regard de cela, encore une fois de plus, Mohamed Bazoum gagne la place de « favori du scrutin ». Parce qu’en plus du soutien de Seyni Oumarou, ayant obtenu 8,95% des voix au 1er tour, Bazoum a aussi le soutien d’Albadé Abouba, candidat du MPR Jamahuriya, sorti avec 7,07% des voix au premier tour.
Ayant gagné les deux plus grosses alliances, sorties respectivement 3ème et 4ème du premier tour, il ne reste pour Bazoum que de confirmer dans les urnes le 21 février prochain.
Akiné Fatouma pour niameyinfo.