Après une première vague de la pandémie qui a touché le Niger au premier trimestre 2020, le nombre de cas actifs Covid-19 avait considérablement baissé poussant les autorités à alléger les mesures drastiques de riposte qui avaient alors été mises en place. Conséquence, les populations ont presque totalement abandonné le suivi des gestes barrières. Depuis quelques jours, ce qu’il convient d’appeler une seconde vague de contaminations est en cours avec une hausse des cas positifs. A la date du 14 décembre, ce sont 64 nouveaux cas qui ont été enregistrés portant à 2322 cas confirmés à la covid-19 avec 82 décès dont 946 cas actifs et 1294 guéris. Face à ce regain de virulence du virus, les nigériens et nigériennes, seront-ils prêts à revenir sur le respect scrupuleux des gestes préventifs pour contrer une nouvelle fois la pandémie ?
A l’instar de nombreux pays africains, le Niger a été relativement épargné par la pandémie et a vu son nombre des contaminations chuté. Les populations encouragées par les messages rassurants des autorités sanitaires et la levée ou l’allègement des mesures de riposte, en ont oublié le respect des gestes barrières contre le virus. Le port de masque, le lavage systématique des mains et la distanciation sociale dans les transports en commun, n’étaient plus à l’ordre du jour.
Le rebond de la pandémie de coronavirus constaté ces derniers mois et vulgarisé sous la dénomination de seconde vague covid-19, n’est que la conséquence du relâchement des mesures de distanciation physique qui avaient contribué à juguler la première vague. « Cette rehausse est le résultat de l’abandon total des gestes barrières, sensés freiner l’évolution de la maladie » a fait savoir le Secrétaire Général du ministère de la Santé, Dr. Ranaou Abaché.
Au regard de cela il peut être lu dans le communiqué du conseil des ministres du 11 décembre 2020 rendu public, la mise en place de nouvelles mesures telles que : « fermeture des établissements scolaires du 17 décembre 2020 au 1er janvier 2021 inclus ; rendre effective l’obligation du port des masques ; prendre des sanctions à l’encontre des agents publics en cas de refus de port de masque ; renforcer le dispositif de lavage des mains au niveau de toutes les administrations publiques, privées et des grandes surfaces ; suspendre la tenue des ateliers et des séminaires jusqu’à nouvel ordre ».
Malgré l’intensification de la communication médiatique par rapport à ce communiqué et sur la sensibilisation contre la covid-19, le constat au quotidien est alarmant. Les populations n’en ont cure et dans leur grande majorité vivent comme si la pandémie n’avait jamais existée. Dans les marchés et autres lieux publics, presque pas de bavettes en vue et encore moins la distanciation sociale. Dans les mosquées, par exemple, aucune distance n’est respectée. Pas de port de masque et de distanciation sociale. Face à cette situation, les leaders religieux sont mis à contribution pour renforcer la sensibilisation. Boubacar Seydou Touré, islamologue, rappelle que « l’islam ne tolère pas le suicide ». Selon lui ne pas respecter les mesures édictées par le gouvernement, c’est risqué de « transmettre une maladie potentiellement mortelle » tout en ajoutant que « on ne doit pas s’entretuer nous-mêmes, sachant que cette maladie-là est fatale, cela peut décimer toute une famille ».
Dans les mosquées, les marchés et les transports en commun, partout le constat est le même. Les citoyens ne croient plus à la maladie alors que les autorités sanitaires ne cessent qu’elle est toujours présente. Dans les taxis les passagers sont serrés les uns contre les autres sans porter de masques. « Si le gouvernement estime que nous devons porter des masques, on le fera » assure pourtant Gamatié Mahamadou, Secrétaire Général de l’union des Syndicats des transports et assimilés.
Mais les professionnels demandent aussi des contreparties aux autorités, « s’ils estiment qu’il faut faire la distanciation sociale, on va le faire. Mais il faut aussi que le gouvernement comprenne qu’il faut des mesures d’accompagnement » insiste le Syndicaliste.
Les autorités du ministère de la santé sont très préoccupées par cette négligence qui frise l’inconscience des populations. Le gouvernement parait impuissant à faire respecter les mesures sanitaires en dépit des dispositifs de répression mis en place. « Là où il y a des résistances, au niveau des transport en commun, au niveau des mosquées, au niveau des marchés, c’est un peu difficile » reconnait le docteur Abaché Ranaou, le secrétaire général du ministère de la santé publique. Le Docteur fait cependant preuve de fermeté en ce qui concerne l’accès à l’administration « c’est un déni total de la maladie. Les gens savent que pour avoir accès à l’administration, au moins il faut avoir son masque », laisse-t-il entendre, dépité. La bataille contre la Covid-19 sera toute aussi intense que de faire respecter les gestes barrières aux populations.
Akiné Fatouma pour niameyinfo.
