Barkhane passe de 4500 à 5100 hommes : et si Paris voulait simplement faire bonne figure ?

Alors qu’un sentiment anti-Français se fait de plus en plus ressentir dans les pays du G5 sahel, un renforcement du dispositif militaire français dans la région a été annoncé dans un communiqué en date du 2 février 2020 par la ministre des Armées, Florence Parly, qui indique que : « l’essentiel des renforts sera déployé dans la zone dite des trois frontières, (Mali, Burkina Faso, Niger, une autre partie de ces renforts sera engagée directement au sein des forces du G5 Sahel pour les accompagner au combat ».

Alors qu’à Pau où il avait échangé avec les cinq présidents des pays membres du G5 Sahel, le président français, Emmanuel Macron avait annoncé 220 militaires en plus des 4500 déjà existants, c’est désormais 600 militaires supplémentaires, essentiellement au sol, qui seront déployés d’ici la fin du mois, apprend-t-on. Ces hommes seront accompagnés d’une centaine de véhicules (blindés lourds, blindés légers et logistiques) pour étoffer le dispositif militaire de l’Hexagone au Sahel. Outre des avions et des hélicoptères de combat, la Force Barkhane dispose désormais de 3 drones Reaper susceptible chacun d’être armé de 4 bombes de 250 kg l’un, on ne doute pas que Paris lui donne les moyens d’être plus efficace dans sa traque des terroristes au Sahel. Sa zone d’action privilégiée sera celle des 3 frontières, Mali-Niger-Burkina, où l’Etat islamique au Grand-Sahara tente de se sanctuariser.

Cette décision prise par les autorités françaises est visiblement motivée par les attaques répétitives depuis plusieurs mois entretenant une insécurité chronique pour les civils et infligeant des pertes fréquentes aux armées locales. Mais sans nul doute, elle vise surtout à démentir les accusations de laxisme de la Force française face à l’ennemi ou encore de complicité supposée ou d’appuis logistiques évoquées ça et là entre les Paris et les « fous de Dieu » qui sévissent dans la région.   

Paris ne veut pas y aller seule…

« Dans cette zone extrêmement vaste, les moyens qui sont mis à disposition de l’opération Barkhane ne sont pas suffisants pour qu’on puisse avoir des soldats déployés H24, 7 jours sur 7, 4 500 hommes au Sahel, c’est dérisoire ! », disait le chef d’Etat-major Français en novembre dernier à l’Assemblée nationale. Selon la ministre française de la Défense, Florence Parly, l’évaluation sera faite dans quatre à six mois. Mais d’ores et déjà, elle ne fait pas mystère de ce que la France seule ne peut venir à bout du terrorisme dans cette zone vaste essentiellement désertique. Le Tchad devrait bientôt déployer un bataillon supplémentaire. Et le gouvernement tchèque va tenter d’obtenir de son Parlement d’envoyer 60 soldats pour la force Takuba, qui rassemblera des unités de forces spéciales européennes.

« Cette étape majeure de notre engagement au Sahel doit marquer un tournant à la fois dans la mobilisation de nos partenaires européens et la montée en puissance des forces du G5 », précise le communiqué. Car si la France s’engage un peu plus, elle n’entend pas le faire seule, un coup de pouce de l’UE est plus que nécessaire. L’on sait que la ministre a récemment effectué un voyage à Washington pour supplier l’Oncle Sam de ne pas se retirer du Sahel où ses drones jouent un rôle primordial d’appui aux alliés français et africains par l’observation, le renseignement et parfois l’engagement sur le théâtre des opérations. Quoi qu’il en soit, avec ou sans l’appui de l’Oncle Sam, vu les efforts de la France, les pays du G5 Sahel doivent intensifier les leurs. De fait, c’est leur puissance de feu conjuguée à la sienne qui pourra bouter hors du Sahel les terroristes de tous bords.

Ce renfort est presque assimilable à une cinglante réponse donnée aux activistes, anticolonialistes aux accents francophobes qui, de Bamako à Niamey en passant par Ouagadougou, avaient investi les réseaux sociaux, les médias et la rue pour exiger le départ des troupes françaises du Sahel. Et si  l’on veut voir le verre à moitié vide, c’est aussi un aveu d’impuissance des forces de sécurité de la région obligées de s’en remettre à l’ancienne puissance coloniale.

Almoustapha Danguida pour Niameyinfo.