Le ministre de l’enseignement supérieur de la recherche et de l’innovation, M. YAHOUZA SADISSOU a animé un point de presse ce mercredi 29 janvier pour aborder la question relative à la grève d’un mois déclenchée par le Syndicat National des Enseignants Chercheurs et Chercheurs du Supérieur (SNECS) depuis le 19 Janvier 2020. Cette sortie médiatique intervient après l’échec des dernières négociations entre les deux parties. Il s’agissait pour le ministre d’éclairer l’opinion sur la situation qui prévaut dans les universités publiques et de revenir sur la plateforme revendicative du SNECS notamment les deux exigences qui constituent les points d’achoppement.
Le premier point abordé par l’officiel était axé sur l’amendement de la loi 2019-05 du 06 Mai 2019 en vue de la restauration des acquis démocratiques conformément à la Constitution et aux traditions universitaires consacrant l’autonomie et les libertés académiques. « S’agissant du premier point je réitère la position du gouvernement par rapport à cette loi qui a été adoptée par le gouvernement, votée par l’assemblée nationale, promulguée par le président de la République, elle devient par conséquent loi de la république et s’impose à tous. Le gouvernement n’adopte pas des lois par hasard, c’est après analyse en tenant compte de l’intérêt général. Cette loi reste en vigueur, les recteurs et les vices recteurs seront nommés par le gouvernement sans élections » insiste le ministre qui précise que lesdites nominations seront bien encadrées, car pour être recteur il faut être au moins un enseignant de rang magistral. « Dans toute l’Afrique au sud du Sahara, il n’y a aucun pays ou le recteur est élu, partout ailleurs les recteurs sont nommés. On était deux pays avec le Bénin, en septembre 2018, le Bénin a adopté un décret qui a abandonné le mode d’élections » a renchéri le ministre.
Le deuxième point, qui était le plus disputé est celui du règlement de tous les arriérés des droits statutaires en souffrance depuis 2016. Le ministre fait savoir qu’à ce niveau que le SNECS ne réclame pas des arriérés de salaire, « parce que malgré toutes les difficultés nous n’avons pas des arriérés de salaire dans aucune université, toutes les revendications tournent autour des arriérés de droit statutaire, et même là je voudrais lever une équivoque, nous n’avons aucun arriéré de 2016, même pas de 2017 ou de 2018, mais par contre nous avons des arriérés de 2019, j’ai écrit à tous les recteurs pour me faire la situation précise des arriérés des droits statutaires au 31 décembre 2019, à cette date les universités de Maradi, de Zinder, de Diffa, de Dosso, de Tillabéry n’ont aucun arriéré de droit statutaire, par contre à Niamey nous avons 819 321 324 F CFA d’arriéré de droit statutaire, à Tahoua 5 238 363, à Agadez 29 975 261, ce qui fait un total d’arriérés de droit statutaires de 854 534 948. »
De la question des droits statutaires, le ministre a senti la nécessité d’éclairer l’opinion sur ce que comporte ce jargon et l’énorme investissement du gouvernement. « Les droits statutaires, c’est la prime des recherches, les copies corrigées, les cours complémentaires, les frais de publication, et les frais médicaux ». À cet effet le ministre révèle à l’opinion les charges de l’Etat quant à la revendication faite par le SNECS « Par exemple sur les copies corrigées, l’enseignant chercheur ne corrige que 500 copies par an, au-delà de ces 500 copies, chaque copie est payée à 500 FCFA, avec la massification des étudiants, je prends le cas de la faculté des lettres de l’UAM qui enregistre à elle seule près de 3000 nouveaux étudiants en première année sans compter les redoublants. Nous avons ce qu’on appelé les cours complémentaires, l’enseignant-chercheur dispose d’une charge horaire de 120 heures par an, qui est la charge horaire la plus faible de toute l’Afrique, au-delà de ces 120 heures chaque heure est payés selon ce qui suit : pour les cours magistraux, les professeurs, les maitres de conférences, les directeurs de recherche, sont payés chaque heure à 12 000 FCFA, en TD 10 000 FCFA en TP 8 000 FCFA, pour les maitres assistants, les assistants, les chargés et les attachés de recherche, pour les cours magistraux ils reçoivent 10 000 FCFA, les TD 8000 FCFA et les TP 7000 F » il poursuit, « pour la prime de recherche, les professeurs et les maitres de conférences le directeur de recherche, ont par trimestre 550 000 F CFA, quant aux maitres assistants, les chargés de recherche, ils reçoivent 600 000 FCFA, les assistants et les attachés de recherche ont 500 000 Fcfa » Et ces primes de recherche sont payés automatiquement chaque année », a ajouté le ministre.
Pour tous les impayés qui s’élèvent à 819 321 324 FCFA, selon le ministre, le gouvernement a pris l’engagement de les payer en deux mensualités, une première tranche au mois de février et la deuxième tranche au mois de Mars, « pas plus tard qu’hier mes services ont tenu une séance de travail avec les services du ministère des finances et ils ont convaincu de positionner 474 789 835 F dans le salaire du mois de février à titre d’impayé des droits statutaire » a révélé le membre du gouvernement.
Il ajoute d’un air rassurant, « je voudrais aussi souligner que dans le protocole d’accord que nous avons signé avec le SNECS en mai 2019 le gouvernement avait pris l’engagement de payer 970 millions de FCFA d’arriérés de droit statutaire, à ce jour nous avons honoré à 100 % cet engagement, malheureusement je suis au regret de constater que malgré tous ces efforts déployés par le gouvernement, le SNECS persiste sur la grève ».
Pour finir, le ministre Yahouza réaffirme la disponibilité du gouvernement à poursuivre le dialogue avec tous les acteurs de la communauté universitaire.
Almoustapha Danguida pour Niameyinfo.