À la suite de l’élection présidentielle du 12 octobre, des appels à une opération de « villes mortes » de trois jours circulent à travers le Cameroun. L’initiative émane de M. Issa Tchiroma Bakary, chef de l’opposition, qui revendique sa victoire. Dans un communiqué publié dans la nuit du 2 au 3 novembre, il a exhorté ses partisans à suspendre leurs activités et à rester chez eux pour manifester leur désaccord avec les résultats proclamés par le Conseil constitutionnel.

Le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi, a dénoncé des mots d’ordre « de nature à mettre en péril la vie de la nation, la paix sociale et le développement économique ». Dans une déclaration le 2 novembre, il a rappelé que de tels mouvements ont déjà provoqué manifestations violentes, pillages et destructions, et a averti que ces actes sont prévus et réprimés par le Code pénal. Il a ainsi invité la population à « prendre garde de souscrire à des mots d’ordre inopportuns ».
Depuis l’élection, Tchiroma est retranché dans sa résidence à Garoua, dans le nord du pays. Il a affirmé être escorté par des soldats « loyalistes », signalant une possible division au sein des forces de sécurité. « Je remercie l’armée loyaliste, qui a fait preuve de patriotisme en m’escortant jusqu’à un lieu sûr et qui assure actuellement ma protection », a-t-il déclaré sur Facebook.
Le Conseil constitutionnel a proclamé Paul Biya, 92 ans, vainqueur de l’élection. Cette décision a provoqué de violentes manifestations, faisant au moins 23 morts et plus de 500 arrestations, selon un groupe de la société civile. Dans une vidéo publiée vendredi, Tchiroma a appelé à un confinement national de trois jours, déclarant : « Que le pays tout entier soit paralysé, afin que le monde entier sache que nous résistons et que nous ne céderons pas ».
Zeynabou Assane Moumouni pour Niameyinfo.

