Le bonnet traditionnel au Niger est un véritable patrimoine vestimentaire. Il attire toujours le regard. Posé fièrement sur la tête d’un vieil éleveur ou soigneusement assorti à la tenue d’un jeune citadin, le bonnet « hula », ou « taguia », reste un symbole fort de la culture sahélienne. Derrière ce petit couvre-chef rond en forme de calotte se cache tout un savoir-faire, un art de vivre et une histoire.
Au Niger, plus précisément chez les Haoussa, le bonnet traditionnel appelé « hula » est un couvre-chef arrondi porté sur la tête. Il remplit plusieurs fonctions : signe de distinction sociale et religieuse, symbole de maturité ou de sagesse dans certaines communautés. « C’est une marque de respect, mais aussi de beauté », confie Issa, un artisan occupé à tresser les fils colorés d’une nouvelle taguia. À côté de lui, une jeune apprentie observe attentivement ses gestes précis.

En effet, le bonnet hula n’est pas qu’un simple couvre-chef. Il signale l’appartenance à une communauté, marque la dignité sociale et s’inscrit dans des rituels comme les mariages, baptêmes et célébrations religieuses. Les formes, les couleurs et les ornements varient fortement selon les régions, les familles et les occasions. Certains bonnets sont sobres pour le quotidien, d’autres richement décorés pour les cérémonies.
Parmi ceux qui portent le bonnet, l’usage et la signification varient. Pour certains, il est porteur d’honneur et de responsabilité ; pour d’autres, c’est davantage un accessoire esthétique ou utilitaire, c’est-à-dire pour cacher une calvitie ou des cheveux blancs. Il accompagne le grand boubou et complète l’élégance masculine. Les stylistes nigériens s’en inspirent également, revisitant le bonnet traditionnel pour en faire un symbole d’identité et de fierté culturelle.
La fabrication du hula demande patience et minutie. « D’abord, on prépare les fils de coton ou de laine, parfois teints à la main, explique M. Issa. Ensuite, on les tricote ou on les tresse selon la forme voulue. » Certaines taguias sont simples, d’autres richement décorées de fils dorés ou de motifs géométriques qui traduisent la créativité de l’artisan.
Selon M. Hamani, un confectionneur de bonnets traditionnels dans le quartier Banizoumbou, la fabrication du hula peut prendre plusieurs jours. Les techniques de fabrication reflètent la disponibilité des matières premières et le savoir-faire local. La fabrication se fait en 5 étapes :
- Prise de mesures : circonférence et hauteur souhaitées selon la forme traditionnelle locale.
- Préparation des fils : filage, teinture (si réalisée localement) et mise en bobine.
- Réalisation de la base : tricot, tressage ou feutrage suivant le modèle.
- Renfort et finition : insertion d’une doublure, pose d’un ruban d’ajustement à l’intérieur.
- Décoration : broderies, perles ou motifs appliqués selon l’usage (quotidien ou cérémonie).

Les artisans transmettent ces gestes de génération en génération, souvent dans un cadre familial ou au sein de petites communautés d’artisans.
La taguia bien entretenue peut durer plusieurs années. Les artisans recommandent un lavage doux à la main, sans trop frotter, et un séchage à l’ombre pour préserver les couleurs. « Il faut aussi éviter de la plier n’importe comment, sinon elle perd sa forme », sourit Issa en réajustant son propre bonnet.
À travers le Niger et une grande partie de l’Afrique de l’Ouest, le bonnet hula traverse le temps. Symbole d’appartenance, d’élégance et de dignité, il relie les générations et continue d’écrire l’histoire d’un peuple fier de ses racines. Dans les mains de ceux qui le fabriquent, le bonnet hula n’est pas qu’un accessoire : c’est un héritage vivant.
Fatouma Akiné pour Niameyinfo.

