Au musée national ou au village artisanal de Wadata, les couleurs éclatantes des tissus traditionnels se mêlent aux reflets argentés des bijoux touaregs. Le Niger, pays sahélien riche en culture, s’est toujours imposé comme une destination où l’artisanat n’est pas seulement un savoir-faire ancestral, mais aussi un levier essentiel pour le tourisme et le développement local. De l’est à l’ouest du pays, chaque région a façonné son identité à travers l’artisanat : les tanneries de Zinder, la poterie de Dosso, la vannerie de Maradi ou encore la forge d’Agadez. Cet héritage, transmis de génération en génération, est un atout qui attire les visiteurs curieux de découvrir la culture nigérienne à travers ses créations.
Au Niger, l’artisanat compte 291 métiers répartis en 8 branches et 40 corps de métiers. Ce secteur constitue le troisième pourvoyeur d’emplois après l’agriculture et l’élevage. Il mobilise près de 8 millions de personnes. Cette activité réalise un chiffre d’affaires global annuel estimé à plus de 100 milliards FCFA, soit une contribution estimée à ¼ du Produit Intérieur Brut (PIB) national. Présente aussi bien en milieu urbain que rural, cette activité génératrice de revenus contribue à la réduction du chômage.
En avril dernier, lors de la journée de l’artisanat, le Gouverneur de la région de Niamey, le Général de Brigade Assoumane Abdou Harouna, a, dans son allocution, transmis les encouragements des plus hautes autorités, saluant la contribution essentielle des artisans à la consolidation de la souveraineté nationale. Il a rappelé que « l’artisanat, en plus d’être un vecteur d’identité culturelle, est un moteur pour la création d’emplois, la réduction du chômage et l’autonomisation économique ».

Dans les stands du Musée et du village artisanal, on peut apercevoir plusieurs variétés de produits. En effet, les talentueux artisans confectionnent des sacs en cuir, ceintures, boîtes à bijoux, chaussures, tableaux, portefeuilles, cartables, tabourets, ainsi que des bijoux faits de divers métaux et pierres précieuses. En plus d’être un secteur vital, profondément enraciné, l’artisanat est un moteur pour le tourisme culturel. En effet, l’artisanat nigérien n’est pas qu’un décor pittoresque, il est une véritable vitrine culturelle. Les festivals, comme la Cure Salée ou le Festival de l’Aïr, intègrent systématiquement des expositions artisanales qui séduisent autant les visiteurs étrangers que les Nigériens de la diaspora. « Chaque fois que je viens au Niger, je repars avec de belles pièces de sacs en cuir et de bijoux en argent. Ce sont des souvenirs authentiques. Souvent je les revends à Bamako », témoigne Fatoumata Diallo, une touriste malienne rencontrée au Village artisanal.
Cependant, les artisans nigériens font face à des difficultés notoires depuis la croissance du terrorisme dans la zone sahélienne, les événements du 26 juillet 2023 et la forte présence des produits industrialisés sur le marché. « Avec l’insécurité et le coup d’État, beaucoup d’expatriés, étrangers ou touristes sont partis. Maintenant on dure avant de pouvoir vendre quelque chose. L’artisanat, c’est notre identité. Et quand les touristes viennent, ils découvrent que derrière chaque objet, il y a une histoire, une famille, une culture. Si les infrastructures touristiques se développent, le mariage entre artisanat et tourisme pourrait devenir un véritable moteur économique. Au-delà de l’achat de souvenirs, il s’agit de préserver un patrimoine vivant et de donner une visibilité internationale aux artisans du pays », souligne Moussa Agali, maître-forgeron. Moussa a également lancé un appel vibrant à la population : « La seule chose que nos frères nigériens peuvent faire actuellement, c’est consommer nos produits. Acheter local, c’est soutenir la créativité nationale. À travers chaque bijou, pièce de cuir, poterie ou costume traditionnel, ce sont des valeurs, une histoire et un savoir-faire qui sont transmis. »

Face aux mutations technologiques, notamment l’essor de l’intelligence artificielle, le Gouverneur a appelé les artisans à embrasser l’innovation tout en préservant leur identité culturelle. « Rien ne remplace la main de l’artisan, mais découvrir les nouvelles technologies permet d’enrichir vos pratiques et d’en comprendre les limites », a-t-il souligné.

Au-delà de son rôle culturel et économique, l’artisanat constitue un formidable atout pour le tourisme. Préserver, valoriser et promouvoir cet héritage, c’est non seulement soutenir les artisans mais aussi célébrer l’une des plus belles expressions du Niger.
Fatouma Akiné pour Niameyinfo.