L’idée d’une Afrique sans frontières, où les citoyens peuvent circuler librement d’un pays à l’autre, est portée depuis des décennies par les institutions panafricaines. De la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) à l’Agenda 2063 de l’Union africaine, les ambitions sont claires : bâtir une Afrique intégrée, connectée, économiquement forte et unie. Mais derrière ces grands projets, une réalité moins optimiste persiste : la libre circulation demeure très inégalement appliquée à travers le continent.
En 2025, seuls cinq pays le Bénin, le Ghana, la Gambie, le Rwanda et les Seychelles ont ouvert leurs frontières à tous les ressortissants africains sans exiger de visa. Dans la majorité des cas, les Africains doivent encore demander un visa à l’avance, ou bénéficier d’un visa à l’arrivée. Résultat : un citoyen africain peut en moyenne entrer dans seulement 27 pays sur 54 sans visa préalable. L’Observatoire Africain de la Mobilité et de l’Intégration, en collaboration avec le Henley Passport Index, dresse chaque année un classement de la mobilité intra-africaine, révélant les écarts criants entre les nations.
Dans ce classement 2025, le Niger se hisse à la 12e place des passeports africains les plus ouverts au continent. Un positionnement qui traduit des efforts visibles en matière de coopération régionale, mais qui souligne aussi les marges de progression qu’il reste à parcourir. Le passeport nigérien permet aujourd’hui aux citoyens d’accéder sans visa ou avec visa à l’arrivée à 31 pays africains un chiffre supérieur à la moyenne continentale (27), mais encore loin des pays comme le Bénin (35 pays) ou la Côte d’Ivoire (34 pays).
Ce classement s’inscrit dans un contexte particulier pour le Niger, qui, après avoir quitté la CEDEAO avec le Mali et le Burkina Faso, voit sa dynamique d’intégration régionale remise en question. Jusqu’à récemment, les ressortissants nigériens bénéficiaient de la libre circulation à l’échelle de la CEDEAO, l’un des rares ensembles régionaux à avoir mis en place un passeport commun et supprimé les visas entre États membres. La sortie de l’organisation a complexifié les déplacements de ses citoyens dans la sous-région, réduisant d’autant l’impact positif de ses engagements panafricains.
Le pays accueille des ressortissants de plusieurs États africains avec des procédures assouplies, notamment ceux issus des pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES). Il reste également un carrefour migratoire stratégique, entre l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique du Nord, malgré les tensions sécuritaires récurrentes dans la région. Le Niger n’est pas à la traîne, sa 12e place dans le classement intra-africain témoigne d’un certain engagement en faveur de la libre circulation.
Zeynabou Assane Moumouni pour Niameyinfo.