Emmanuel MACRON à la conférence des ambassadrices et des ambassadeurs: un discours controversé et à polémique

A l’occasion de la 30e conférence des ambassadrices et ambassadeurs rassemblant l’ensemble du corps diplomatique français, Emmanuel Macron, le président français a sacrifié à la tradition du discours habituel présentant les principes, intérêts et solidarités de la France sur l’échiquier international. Ukraine, sécurité mondiale, diplomatie féministe ou encore les rapports actuels et les projections pour l’avenir de la France en Afrique, Emmanuel Macron aura fait le tour de tous les sujets en lien avec la représentativité française à travers le monde.

Macron: un discours émaillé de nombreux incidents diplomatiques

C’est dans un langage à la fois condescendant et peu diplomatique que le président français a abordé la question des relations actuelles entre la France et ses anciennes colonies en Afrique noire. Déclarée persona no grata dans de nombreux pays dont les populations et les dirigeants à l’instar de ceux du Niger, du Mali et du Burkina Faso réclament le départ des troupes françaises installées sur leurs territoires, la France est en passe de devenir indésirable en Afrique. Pourtant, face à la situation, Emmanuel Macron se veut rassurant. «Non la France n’est pas en recul en Afrique, elle est simplement lucide, elle se réorganise» assure Emmanuel Macron. Justifiant le bilan de la présence militaire française en Afrique et plus précisément au Sahel, Emmanuel Macron estime que la France a eut raison d’intervenir en Afrique en 2013 pour aider certains pays à lutter contre le terrorisme. Taclant les pays de l’AES, le président français estime qu’aucun « de ces  gouvernants ne serait dans un pays souverain si l’armée française ne s’était pas déployé dans ces régions». Et d’ailleurs, pour ça, Emmanuel Macron fustige «l’ingratitude» des pays africains malgré les soldats français «qui parfois, ont donné leur vie et pendant des années se sont battus» dans le Sahel contre le terrorisme.

Contrairement aux informations officielles faisant état de la demande express de certains pays comme le Sénégal ou encore le Tchad du retrait des bases françaises sur leurs territoires, Emmanuel Macron parle de désinformation et clarifie les choses. «Nous avons proposé aux chefs d’état africains de réorganiser notre présence» explique Emmanuel Macron qui explique que la France n’a pas été «chassée» des pays évoqués arguant de ce que la France est l’unique instigatrice de ces départ annoncés notamment par le Sénégal et le Tchad courant Décembre 2024.

Ousmane SONKO entre démenti et clarifications

C’est sur sa page officielle sur le réseau social Facebook que le Premier Ministre sénégalais Ousmane SONKO a choisit de réagir seulement quelques heures après le discours d’Emmanuel Macron. «Totalement erroné» rétorque le N°2 sénégalais qui explique que «dans le cas du Sénégal (…), aucune discussion ou négociation n’a eu lieu à ce jour et la décision prise par le Sénégal découle de sa seule volonté en tant que pays libre, indépendant et souverain».

En réponse aux propos du président français relatifs à une certaine ‘’ingratitude’’ de certains dirigeants africains à l’endroit de la France, Ousmane Sonko rappelle le rôle majeur joué par celle-ci dans le déploiement de la menace terroriste dans le Sahel à travers notamment sa contribution active à la déstabilisation de «certains pays africains comme la Libye avec des conséquences désastreuses notées sur la stabilité et la sécurité du Sahel ». Aussi fait-il un retour dans l’histoire en rappelant au président français que «si les soldats africains, quelques fois mobilisés de force, maltraités et finalement trahis, ne s’étaient pas déployés lors de la deuxième guerre mondiale pour défendre la France, celle-ci serait peut-être aujourd’hui encore, allemande».  

Il faut rappeler que c’est à l’occasion du discours à la nation à la veille du nouvel an 2025 que le président sénégalais Bassirou DIOMAYE FAYE avait annoncé la fin de toute présence militaire française ou étrangère sur le territoire sénégalais au cours de l’année 2025.

Tchad: Une armée  » forte et résiliente » sans aucune contribution française significative

Le Tchad dirigé par Mahamat Idriss Deby Itno n’est pas resté silencieux aux discours d’Emmanuel Macron. Déplorant les propos du président français, le ministre tchadien des affaires étrangères Abderaman Koulamallah à travers un communiqué lu à la télévision nationale, fustige «l’attitude méprisante  à l’égard de l’Afrique et des africains». Rappelant ensuite les nombreux sacrifices consentis par les peuples africains dans «la libération de le France lors des deux guerres mondiales» et jusque là non reconnus, Abderaman Koulamallah demande aux dirigeants africains d’apprendre à «respecter le peuple africain». Il a également tenu à préciser la nature de la contribution française dans la construction de l’armée française qui selon le chef de la diplomatie tchadienne ne se limite qu’à des « intérêts stratégiques propres sans véritables impacts durables pour le développement du peuple tchadien ».

Occasion également pour Aziz Mahamat Saleh ministre tchadien des Infrastructures en charge de la communication du comité de désengagement des forces françaises au Tchad de démentir les propos d’Emmanuel Macron et de clarifier que la décision de rupture des accords de défense entre son pays et la France annoncée le 28 novembre dernier était «une décision mûrement réfléchie» par le Président qui «n’a fait qu’applique la volonté souverainiste et chauviniste des Tchadien». A la suite de ces réactions, le président Tchadien a lui-même réagis, réitérant une fois de plus le caractère souverain de la décision relative à la rupture des accords de défense entre les deux pays.

Il faut rappeler que depuis l’annonce du retrait des troupes françaises du Tchad fin novembre 2024, Plusieurs avions de chasses ont déjà quitté le territoire tchadien et la base de Faya-Largeau a été rétrocédé courant Décembre dernier. Le pays espère un retrait total des troupes françaises d’ici la fin du mois de janvier 2025.

Marthe Carmelle OKOUMASSOUN pour NiameyInfo