La Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC) du Togo a annoncé, ce lundi 16 juin, la suspension pour une durée de trois mois des chaînes françaises France 24 et Radio France Internationale (RFI). En cause : des « manquements répétés » aux principes d’impartialité, de rigueur journalistique et de vérification des faits, selon un communiqué officiel.
La décision intervient dans un contexte déjà tendu entre les autorités togolaises et certains médias étrangers. Elle fait suite à une lettre ouverte datée du 5 juin, signée par un collectif d’enseignants et de journalistes locaux, qui accusait les deux médias de « porter atteinte à la cohésion nationale » et de favoriser une « influence étrangère » dans la couverture des événements politiques au Togo.
Depuis les manifestations du 6 juin dernier et les critiques adressées à la gestion sécuritaire de la contestation, les reportages de France Médias Monde semblent avoir été scrutés de près. La HAAC leur reproche d’avoir relayé des informations jugées « tendancieuses » et préjudiciables à la stabilité des institutions.
Si l’organe de régulation affirme agir dans un souci de responsabilité et d’équilibre, plusieurs voix, notamment issues de la presse indépendante et de la société civile, dénoncent une décision à caractère politique. Pour nombre d’observateurs, cette suspension traduit un durcissement préoccupant envers la liberté de la presse au Togo.
En ciblant deux médias internationaux de référence sur le continent, le Togo s’expose à de vives critiques. Des ONG telles que Reporters sans Frontières ou le Comité pour la protection des journalistes pourraient y voir une atteinte directe au droit à l’information.
Dans un pays où plusieurs journalistes locaux ont déjà été inquiétés pour leur travail, la mesure renforce le climat de méfiance envers les voix critiques. Elle interroge, au-delà de la régulation, sur les limites floues entre encadrement médiatique et censure.
Zeynabou Assane Moumouni pour Niameyinfo.