Les relations diplomatiques entre le Mali et l’Algérie connaissent une nouvelle escalade après que l’armée algérienne a abattu un drone militaire malien à la frontière entre les deux pays dans la nuit du 31 mars au 1er avril 2025. Cet incident s’ajoute à une série de tensions grandissantes entre Alger et Bamako, sur fond d’accusations mutuelles et de divergences stratégiques dans la lutte contre l’insécurité sahélienne.
Dans un communiqué publié le 1er avril, le ministère algérien de la défense a annoncé avoir « détecté et détruit » un « drone de reconnaissance armé » qui aurait pénétré de deux kilomètres dans l’espace aérien algérien. Bamako, de son côté, a déploré la perte d’un « aéronef sans pilote » en mission de surveillance, tombé à proximité de Tinzaouatène, en territoire malien. Une enquête a été ouverte par les autorités maliennes afin de « déterminer les causes et les responsabilités ».
Cet épisode marque un nouveau pic dans la dégradation des relations entre Alger et Bamako. Depuis la fin de l’Accord de paix d’Alger en janvier 2024, le Mali, qui a renforcé son alliance avec le Burkina Faso et le Niger au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES), accuse l’Algérie d’ingérence dans ses affaires intérieures et de soutien aux groupes armés dans le nord du pays.
Quelques heures après la destruction du drone, l’armée malienne a mené une frappe aérienne dans la même région de Tinzaouatène, visant un véhicule transportant des « terroristes armés ». Toutefois, des sources locales et des rebelles du Front de libération de l’Azawad (FLA) affirment que la frappe a tué six civils, majoritairement des orpailleurs nigériens. Certaines sources affirment qu’un blessé aurait succombé par la suite portant le bilan à sept morts.
Alors que les tensions avec Bamako se multiplient, Alger entretient des relations nettement plus apaisées avec Niamey. Le 25 février 2025, le ministre nigérien des Affaires étrangères, Bakary Yaou Sangaré, a été reçu par le président algérien Abdelmadjid Tebboune. Leurs discussions ont porté sur des projets de coopération et d’intégration.
Ce contraste diplomatique souligne la complexité des enjeux régionaux et la réorganisation des alliances au Sahel. Tandis que le Mali et l’Algérie s’affrontent diplomatiquement et militairement, Alger cherche à renforcer son ancrage au Niger, laissant entrevoir une recomposition géopolitique majeure dans la région.
Zeynabou Assane Moumouni pour Niameyinfo