À moins d’un an de l’élection présidentielle prévue en avril 2026, le Bénin s’apprête à vivre un tournant politique majeur. Le chef de l’État, Patrice Talon, réaffirme son intention de ne pas briguer un troisième mandat. Mais derrière cette promesse solennelle, les incertitudes demeurent sur les conditions réelles de l’alternance.
Depuis son arrivée au pouvoir en 2016, Patrice Talon martèle son attachement au respect de la limitation des mandats. « Je ne serai pas candidat », a-t-il encore déclaré en mars dernier lors d’un entretien avec Jeune Afrique, assurant qu’il quittera le Palais de la Marina après l’élection de son successeur. À ses yeux, violer cette disposition constitutionnelle reviendrait à renier son propre projet de réforme.
Le suspense reste entier sur l’identité de celui ou celle qui portera les couleurs de la majorité présidentielle. Le porte-parole du gouvernement, Wilfried Houngbédji, a annoncé le lundi 23 juin 2025, que le candidat du camp présidentiel sera officiellement connu le 12 octobre prochain, soit deux jours avant l’ouverture de la période de dépôt des candidatures, fixée du 10 au 14 octobre, conformément au calendrier électoral. Aucune figure ne s’impose pour l’instant, même si des ministres influents ou technocrates loyaux au président sortant sont souvent évoqués en coulisse.
Si le président maintient sa volonté de départ, l’environnement institutionnel qu’il laisse interroge.
La révision du code électoral adoptée récemment impose des conditions de candidature très strictes, en particulier l’obligation pour chaque prétendant d’obtenir 20 % des suffrages dans toutes les circonscriptions. Une disposition dénoncée par l’opposition comme un mécanisme d’exclusion déguisé. Parallèlement, les élections communales prévues pour janvier 2026 seront scrutées de près, tant elles pourraient servir d’indicateur sur le degré d’ouverture du processus démocratique.
Au-delà de ses frontières, le Bénin est aussi pris dans un contexte sous-régional instable. Les relations tendues entre le Niger voisin et les puissances occidentales, notamment la France, placent Cotonou dans une posture délicate. Le pays, considéré comme un partenaire stratégique de l’Europe et des États-Unis, est régulièrement critiqué par certains régimes militaires de la région pour sa proximité avec l’Occident.
Dans cette configuration, la posture du futur président béninois sera déterminante. Sera-t-il en mesure de jouer un rôle d’apaisement face aux crispations régionales, notamment entre le Niger et ses anciens partenaires européens ? La réponse dépendra largement du profil du successeur désigné, de son indépendance réelle et de la légitimité de son élection.
À ce stade, deux scénarios se dessinent. Le premier : un retrait véritable de Patrice Talon, accompagné d’une élection pluraliste et d’une recomposition politique authentique. Le second : une transition verrouillée, avec un dauphin imposé et une continuité assurée, sans surprise, dans un système peu ouvert à la critique.
Dans les deux cas, l’enjeu dépasse le simple passage de témoin. Il s’agit de préserver ce qui reste de l’héritage démocratique du Bénin, longtemps cité en exemple en Afrique de l’Ouest. Et surtout, de savoir si celui qui viendra après Talon pourra apaiser les tensions internes et jouer un rôle diplomatique crédible sur la scène régionale. Car au fond, une question cruciale :
Le successeur de Talon arrangera-t-il la tension entre le Niger et le Bénin ?
Zeynabou Assane Moumouni pour Niameyinfo.
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