Le Niger a procédé à un changement significatif dans sa stratégie de sécurité régionale en renommant son opération militaire dans la région de Diffa « Nalewa Dole ». Cette décision intervient suite au retrait officiel du Niger de la Force multinationale mixte (FMM), une coalition régionale établie pour combattre le groupe terroriste Boko Haram dans le bassin du lac Tchad.
Ce repositionnement stratégique, annoncé par la télévision nationale Télé Sahel, le samedi 29 Mars, marque une volonté du Niger de renforcer son autonomie dans la gestion de sa sécurité nationale. Il survient dans un contexte où la FMM fait face à des critiques croissantes quant à son efficacité, notamment de la part du Tchad, qui a récemment dénoncé le manque de coordination et la « léthargie » de la coalition.
Le retrait du Niger de la FMM s’inscrit également dans une démarche plus large de réévaluation des alliances et des stratégies de lutte contre le terrorisme dans la région. Le pays entend ainsi se concentrer sur la protection de ses infrastructures stratégiques et la sécurisation de son territoire, tout en maintenant une coopération transfrontalière avec ses voisins, notamment le Nigeria.
Sur le terrain, la situation sécuritaire à Diffa est rapportée comme étant stable et sous contrôle. L’armée nigérienne poursuit ses opérations de sécurisation et de lutte contre les menaces transfrontalières. Parallèlement, elle a mis en place des actions de soutien aux populations locales, avec notamment la distribution de kits alimentaires aux communautés vulnérables pendant le mois de Ramadan.
Ce changement de nom et de stratégie intervient alors que le Niger continue de dialoguer avec ses voisins, en particulier le Nigeria, sur les enjeux de sécurité et les dispositifs de contrôle aux frontières. Le ministre nigérien des Affaires étrangères, Bakary Yaou Sangaré, a récemment rencontré l’ambassadeur du Nigeria à Niamey, Mohammed Sani Usman, pour discuter de ces questions cruciales.
La décision de Niamey de se retirer de la FMM et de rebaptiser son opération militaire à Diffa témoigne d’une volonté de prendre en main sa propre sécurité et de renforcer son autonomie dans un contexte régional complexe et en constante évolution.
Pour rappel, la Force multinationale mixte est composée de soldats du Bénin, du Cameroun, du Tchad, du Niger et du Nigeria, unis dans la lutte contre les groupes terroristes. Toutefois, cette mission semble aujourd’hui remise en question, en effet en 2015 déjà, le Niger et le Tchad avaient suspendu leur participation, dénonçant « l’incapacité du Nigeria à contenir les groupes terroristes sur son territoire ».
Zeynabou Assane Moumouni pour Niameyinfo.