Au Niger, l’augmentation des investissements dans l’irrigation est l’un des leviers essentiels pour limiter la volatilité de la production agricole et renforcer le système agroalimentaire. C’est ce que souligne la Banque mondiale dans sa dernière note économique publiée en avril, dans laquelle elle plaide pour une intensification des investissements dans ce domaine clé.
Dans un pays où plus de la moitié de la production agricole dépend encore des précipitations, l’agriculture irriguée apparaît comme un levier stratégique. Bien que ne représentant que 2 % de la superficie cultivée, elle génère près d’un tiers (33%) du produit intérieur brut agricole, selon l’institution financière internationale.
Les régions de Tahoua et Maradi concentrent l’essentiel des terres irriguées actuelles, soit environ 20 000 hectares. Cette surface devrait doubler à l’horizon 2027, notamment grâce à l’exploitation des nappes phréatiques du sud du pays et aux aménagements le long du fleuve Niger. Cette dynamique bénéficie aussi bien à des cultures de rente, comme l’oignon destiné à l’export, qu’à des denrées de consommation locale telles que le riz.
Environ deux millions de Nigériens vivent directement de cette agriculture irriguée, essentiellement à travers des exploitations de petite taille, souvent inférieures à un hectare. Ce chiffre, combiné à la part élevée de l’irrigation dans le PIB agricole, place le Niger parmi les trois pays ouest-africains les plus avancés dans ce domaine, derrière le Mali et le Nigeria.
Pour autant, la Banque mondiale estime que le potentiel de développement reste largement sous-exploité. Elle recommande aux autorités nigériennes de privilégier les systèmes d’irrigation à petite et moyenne échelle, moins coûteux et plus accessibles pour les producteurs, une approche qui a l’avantage d’être moins coûteuse pour les caisses publiques et qui peut être selon elle, « très efficace ». Une autre priorité identifiée est la réhabilitation des infrastructures existantes, qui pourrait permettre d’optimiser les investissements antérieurs.
La note insiste également sur la nécessité de réformes structurelles et de renforcement des capacités, notamment en matière de gestion de l’eau, de gouvernance des associations d’usagers et de transparence dans les procédures d’attribution des marchés liés à l’irrigation.
Face aux perspectives inquiétantes du changement climatique avec une hausse possible « D’ici les années 2050, la température médiane pourrait augmenter de 2,9 °C et les précipitations annuelles médianes de 38 %, ce qui réduirait la production de plusieurs cultures dans tout le pays » précise l’organisation basée à Washington.
Pour répondre à ces défis, le gouvernement nigérien a lancé le Programme d’Irrigation à Grande Échelle (PIGE 2024-2027), qui prévoit la réhabilitation de 10 000 hectares de terres irriguées et l’aménagement de 21 200 hectares supplémentaires. Une feuille de route ambitieuse, censée ancrer durablement l’irrigation au cœur de la souveraineté alimentaire du pays.
Zeynabou Assane Moumouni pour Niameyinfo.