On s’attendait à un discours à la nation comme il est de coutume à chaque célébration de l’accession du Niger à l’indépendance le 03 Aout de chaque année. En lieu et place de cela, le président de la République a plutôt accordé un entretien à la télévision nationale au cours duquel plusieurs sujets de l’actualité nationale et même internationale en rapport avec le Niger ont été abordés. Ce choix se justifie notamment par le fait que « le message à la nation attendu ce 02 Août a déjà été adressé au peuple nigérien et à l’opinion internationale le 25 Juillet » dernier à l’occasion de la célébration de l’an 1 du CNSP explique le chef de l’état. Ainsi, désormais, la journée du 03 août sera consacrée « journée de l’arbre » annonce-t-il.
Et justement, abordant l’an 1 du CNSP, le président de la République avoue être animé d’un mélange de sentiments ; « lucidité par rapport au chemin parcouru» malgré les difficultés rencontrées, « fierté et satisfaction par rapport à l’attitude du peuple nigérien » qui s’est montré à la fois résilient, combatif et déterminé ; et enfin un sentiment d’« humilité face au peuple » qui tout au long de cette première année de gestion a apporté un soutien sans faille au CNSP. Un soutien qui a fortement marqué le chef de l’État notamment face aux sanctions infligées par la CEDEAO au lendemain du coup d’état.
Un bilan annonciateur de grandes possibilités
Cet entretien avec le chef de l’état n’aurait pu se faire sans aborder la question du bilan des actions du CNSP au cours de ses 365 jours de gestion. Un bilan que le chef de l’état estime difficile d’établir en raison principalement des sanctions qui ont eu pour conséquence de plonger le pays dans de grandes difficultés. Néanmoins, malgré les pronostics peu favorables au Niger du point de vue de sa survie en dépit des nombreuses restrictions, le pays a su « rester debout, digne et fier » grâce notamment à la volonté du peuple mais aussi au soutien et à l’accompagnement de certains pays amis et frères. Pour le président de la république, le 26 juillet en lui-même représente une date historique rappelant la libération du Niger avec un regain de dignité et d’espoir retrouvés après plus de 60 ans de captivité.
Sur le plan sécuritaire, avant l’avènement du CNSP, la situation était chaotique principalement due à « la volonté de certaines puissances de continuer à nous dominer (…) avec la complicité de certains Nigériens » ; explique le Chef de l’État. Aussi, de nombreuses réformes ont été mises en place pour réorganiser le dispositif sécuritaire. Il s’agit notamment du redéploiement des armées, l’acquisition de matériels pour les Forces de Défense et de Sécurité FDS, l’augmentation de l’effectif à travers le recrutement de 10 000 soldats supplémentaires et la formation de ces derniers.
Au plan socio-économique, malgré « l’embargo sauvage et irresponsable » auquel le pays a dû faire face, des mesures ont tout de même été prises en vue de faire face à la situation. Il s’agit notamment de la mobilisation des ressources internes, la mise en place du Fonds de Solidarité pour la Sauvegarde de la Patrie (FSSP), la création de la Commission de Lutte contre la Délinquance Économique et Financière (COLDEF), le dégagement d’un corridor permettant le convoyage des marchandises du Togo au Niger via le Burkina-Faso, la réduction des prix des hydrocarbures à la pompe.
Une souveraineté à l’épreuve de nombreuses difficultés
Sur le plan diplomatique, le Chef de l’État rappelle que le Niger a « noué des relations de coopération avec des partenaires stratégiques ». Les divers partenariats qui devront se nouer dans l’avenir se seront avec en priorité les intérêts du Niger. Rappelant les nombreuses déconvenues à la base de la crise actuelle entre le Niger et la France, dues surtout à l’attitude colonialiste et paternaliste de cette dernière, le président Abdourahamane Tiani a rappelé les nombreuses tentatives de déstabilisation auquel le pays fait face depuis un an.
La situation actuelle avec le Bénin voisin a également été abordé. Les questions relatives à la fermeture des frontières, le pipeline reliant les deux pays et les problèmes sécuritaires ont été éclaircis par le Président de la République. Parlant « d’actions de déstabilisation subversive », le Général Abdourahamane Tiani a détaillé les nombreuses actions menées par la France via le Bénin pour déstabiliser le Niger pendant de nombreux mois. « Il y a des agents de déstabilisation subversive français à l’intérieur du Bénin » affirme-t-il. Il s’agit, à entendre le chef de l’état des mêmes agents qui « ont donné des instructions directes aux terroristes pour vider tous les villages agricoles de la région de Tillabéri ». « Le jour où nous saurons qu’il n’y a aucune menace du côté du Bénin, nous prendront les mesures appropriées » promet le Président du CNSP qui espère néanmoins que les nombreuses démarches initiées de part et d’autre pour calmer les tensions soient porteuses de résultats positifs.
La Confédération des États du Sahel ; une alliance avec de belles perspectives
Abordant le passage de l’Alliance des États du Sahel à la Confédération des États du Sahel au cours du Premier sommet de l’AES tenu le 06 Juillet dernier, le chef de l’État n’a pas manqué de rappeler les raisons à la base du départ de ces trois pays de la CEDEAO. Occasion également de mentionner les cinq principes cardinaux sur lesquels repose la confédération des États du sahel, portant notamment sur le respect de l’intégrité et de la souveraineté territoriale de chaque état.
Répondant à la question relative à la libre circulation des personnes entre les États de l’AES et ceux de la CEDEAO, le chef de l’État prévient « de la même façon que nous avons des ressortissants dans les pays de la CEDEAO, ces pays de la CEDEAO ont des ressortissants au Niger (…) toute mesure contre la confédération se verra immédiatement appliquer la réciprocité ».
Une vision claire pour un Niger meilleur
En termes de perspectives, le chef de l’État, qui a dévoilé sa vision de refondation pour le Niger en début du mois de Juillet se veut rassurant. La vision de l’homme, axée sur quatre axes prioritaires à savoir, le renforcement de la sécurité et de la cohésion sociale, la promotion de la bonne gouvernance, le développement des bases de la production pour la souveraineté économique et l’accélération des réformes sociales représente une boussole pour les diverses actions à mener, allant toutes dans l’intérêt suprême de la Nation.
Occasion également d’appeler l’ensemble des Nigériens à faire des slogans ‘’Laabou Sanni no’’ et ‘’Zentchen Kassa ne’’ un leitmotiv et à œuvrer davantage pour le bien-être commun.
Annoncées depuis le début de la transition, les assises nationales sont actuellement en pleine préparation. Une préparation qui implique la participation de l’ensemble des huit régions du Niger. « Le moment opportun, (…) les nigériens seront et prendront part pour qu’ensemble et de façon consensuelle, nous puissions sortir quelque chose qui fera du Niger, ce pays qui a définitivement acquis sa souveraineté (…) tourné le dos à l’étiquette de dernier au classement de l’indice de développement humain », annonce le Président du CNSP.
Camariath O. pour Niameyinfo.