Le président sortant de l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite (OCLEI) Moumouni Guindo, a remis le rapport final de l’institution aux autorités de la Transition du Mali. Le document revient sur huit années d’engagement contre la corruption au Mali, et souligne à la fois des avancées notables et des faiblesses structurelles préoccupantes.
En effet depuis sa création, l’OCLEI a examiné 63 dossiers parmi une centaine de cas signalés, pour un montant total estimé à 32 milliards de francs CFA en jeu. Ces enquêtes concernent une quarantaine de personnes et ont permis l’identification de 500 biens immobiliers soupçonnés d’avoir été acquis illicitement.
Malgré ces résultats, le rapport met en lumière un recul significatif dans la transparence déclarative. En 2018, l’institution avait enregistré 629 déclarations de patrimoine, contre à peine 60 pour les années 2022 et 2023 une baisse de plus de 90 % en cinq ans. Un signal d’alarme que Moumouni Guindo avait déjà adressé au plus haut sommet de l’État lors d’un précédent rapport.
Au total, près de 2 000 déclarations de biens ont été collectées depuis 2015, en partie grâce à un partenariat formalisé avec la Cour suprême. Parallèlement à ses actions judiciaires, l’OCLEI a aussi intensifié ses efforts de sensibilisation auprès de la société civile, en organisant des conférences, des campagnes éducatives et des échanges avec les jeunes et les leaders religieux.
Sur le plan international, l’institution a signé 12 conventions de coopération destinées à mieux contrôler les flux d’investissements et à renforcer les mécanismes de traçabilité financière. Elle a également obtenu 15 milliards FCFA en financements extérieurs et conduit sept études visant à améliorer les dispositifs de prévention.
Cependant, plusieurs failles juridiques demeurent. Le rapport final pointe l’absence du terme même de « corruption » dans les textes fondateurs de l’OCLEI, un vide qui limite l’étendue de ses prérogatives. Son président sortant appelle à une réforme des lois existantes afin d’harmoniser l’arsenal juridique national avec les normes internationales. Il plaide notamment pour que l’Office puisse exercer un droit de regard sur le secteur privé, encore exclu de son champ d’action.
Le Premier ministre Abdoulaye Maiga a salué le travail accompli, parlant d’un « bilan élogieux », et réaffirmé l’engagement du gouvernement à poursuivre la lutte contre l’enrichissement illicite.
À ce jour, aucun successeur n’a été nommé à la tête de l’OCLEI, mais les autorités assurent que les missions de l’institution se poursuivront.
Zeynabou Assane Moumouni pour Niameyinfo.