Le premier ministre nigérien Ouhoumoudou Mahamadou a marqué de sa présence la cérémonie d’investiture du Général Mahamat Idriss Deby. Cette présence à N’Djamena du Chef du Gouvernement qui y représentait le président Mohamed Bazoum, est jugée inopportune par l’opposant Omar Tchiana qui l’a fait savoir via un tweet.
Sur le portail officiel du gouvernement du Niger, on pouvait notamment lire que ‘’le Premier Ministre Ouhoumoudou Mahamadou est allé représenter le Président de la République, Chef de l’Etat Son Excellence Bazoum Mohamed à la cérémonie d’investiture du Président de la Transition, Président de la République, Chef de l’Etat du Tchad’’ et d’ajouter qu’’’avant de quitter Ndjamena, le Premier Ministre Ouhoumoudou Mahamadou a été reçu en audience par le Président Mahamat Idriss Deby. Au terme de cette audience, le Chef du Gouvernement nigérien a déclaré avoir transmis au Président Mahamat Idriss Deby, les salutations et les félicitations du Président de la République, Chef de l’Etat Son Excellente Bazoum Mohamed. La coopération bilatérale entre le Niger et le Tchad était également au centre de leur entretien qui s’est déroulé en présence notamment, du Ministre du Pétrole Mahamane Sani Issoufou, du Ministre Délégué à l’intégration Africaine Youssouf Mohamed El Moctar, du Directeur de Cabinet Adjoint du Premier Ministre Abdoul Kader Agali, du Conseiller Spécial Transversal du Président de la République Habi Mahamadou Salissou et de l’Ambassadeur du Niger au Tchad.’’
Une forte délégation nigérienne qui dénote des excellentes relations qui prévalent entre les deux pays. Mais pour l’opposant Omar Tchiana, il y a quelque chose qui cloche. Aussi a-t-il tweeté ‘’les nombreux actes liberticides de Mohamed Bazoum au Niger. Son silence sur le second putsch au Burkina Faso et la visite de son PM au Tchad, prouvent que ses attaques contre le Mali ne sont pas motivées par une conviction démocratique, mais démontrent sa soumission à la France et sa faiblesse’’. Il n’est de secret pour personne que le pouvoir de Niamey est l’un des plus virulents de la sous-région s’agissant de la situation politique au Mali. Mohamed Bazoum et certains membres de son gouvernement, n’hésitent pas à tirer à boulets rouges sur la junte militaire malienne, l’invitant à regagner les casernes. Aussi, la présence du chef du gouvernement nigérien à l’investiture du Général Mahamat Idriss Déby est en désaccord avec cette position affichée par Niamey.
En filigrane, pour le Président du parti Amen-Amin, ce qui s’est déroulé au Tchad, n’est ni plus ni moins qu’un coup d’état constitutionnel. Il s’est agit d’un simple changement de titre pour Mahamat Idriss Déby. Ce dernier qui occupait jusqu’ici la fonction de président du Conseil Militaire de Transition (CMT), s’est vu confier les rênes du pouvoir pour encore vingt-quatre mois au moment où il aurait dû rendre le pouvoir et organiser des élections, si les engagements d’avril 2021 avaient été tenus. En somme, une succession du père par son fils en dehors de toute légalité institutionnelle.
Mais c’est aussi une secret de polichinelle qu’entre la France et le Niger, c’est désormais le grand amour. Ces derniers mois, Niamey s’aligne généralement sur la position de l’Elysée concernant la politique africaine notamment la situation au Mali. Quand on sait que pour la France, Mahamat Idriss Déby est, au même titre que son père, un allié aussi stratégique qu’encombrant. Essentiel pour la présence militaire française au Sahel, qui plus est au moment où celle-ci est fortement contestée dans la région, et embarrassant puisqu’il fait figure d’exemple incontournable pour tous ceux qui dénoncent la bienveillance de Paris à l’égard des régimes militaires et inconstitutionnels qui préservent ses intérêts. Omar Tchiana aurait-il vu juste en parlant de ‘’soumission de Bazoum à la France ?’’.
Waliyullah Tajudeen pour niameyinfo.