À moins de cinq mois de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, la candidature de Tidjane Thiam, président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), se retrouve au cœur d’un affrontement juridique et politique. Radié de la liste électorale à la suite d’une décision de justice, le leader de l’opposition a saisi le Comité des droits de l’homme des Nations Unies, invoquant une violation de ses droits civils et politiques.
Dans un communiqué, le PDCI a confirmé la démarche entreprise par son président, précisant que cette saisine repose sur les engagements internationaux de la Côte d’Ivoire. Le parti rappelle que l’État ivoirien a ratifié, en mars 1997, le Protocole facultatif relatif au Pacte international sur les droits civils et politiques, conférant ainsi compétence au comité onusien pour recevoir et examiner des plaintes individuelles.
« Face à l’absence de recours internes efficaces permettant de contester cette décision, Tidjane Thiam s’est tourné vers l’ONU, conformément à la Constitution ivoirienne et aux accords ratifiés par l’État », explique la formation politique, qui estime que les droits fondamentaux de son candidat ont été « gravement atteints ».
Rappelons que la radiation de M. Thiam trouve son origine dans une décision de justice rendue en avril 2025. Elle repose sur l’article 48 du Code de la nationalité ivoirienne, selon lequel un citoyen majeur perd sa nationalité s’il acquiert volontairement une autre nationalité. Or, l’ancien patron du Crédit Suisse avait obtenu la nationalité française en 1987. Les autorités judiciaires estiment ainsi qu’il n’était plus en droit de figurer sur la liste électorale depuis son inscription en 2022.
Pourtant, ses soutiens avancent qu’il a recouvré sa nationalité ivoirienne en mars 2025, après avoir renoncé à sa nationalité française. Selon Augustin Yao, magistrat hors hiérarchie, cette réintégration serait automatique du fait de sa filiation ivoirienne.
Dans un climat politique déjà tendu, cette affaire s’ajoute à une série d’exclusions qui suscitent de vives réactions. L’ancien président Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé, ainsi que Guillaume Soro, ancien Premier ministre, ont également été écartés du fichier électoral à la suite de décisions judiciaires.
La liste électorale définitive, 2024-2025 publiée, recense 8 727 431 électeurs, en hausse de 8,92 % par rapport à la précédente révision. Les hommes représentent 51,66 % des inscrits, contre 48,34 % pour les femmes.
Dans ce contexte, le PDCI appelle ses partisans et tous les Ivoiriens à rester mobilisés autour de la candidature de Tidjane Thiam, présenté comme une figure de renouveau. Le parti en appelle également à la communauté internationale pour garantir une élection inclusive, équitable et libre de toute exclusion discriminatoire.
« Il en va de la stabilité de la Côte d’Ivoire et, au-delà, de la sous-région ouest-africaine », avertit la formation politique.
Zeynabou Assane Moumouni pour Niameyinfo.