Le Rapport des missions d’investigations de la Commission Nationale des Droits Humains (CNDH), portant sur la disparition de cent-deux(102) personnes dans la commune rurale d’Inates imputée aux Forces Armées Nigériennes (FAN) n’a pas manqué de faire réagir au sommet de l’Etat. Le ministre de la Défense, Issoufou Katambe continue de défendre contre vents et marées son armée. Le membre de l’exécutif conteste, une fois de plus, toute responsabilité de ses soldats dans les massacres qui ont attristé la zone d’Inates.
Les massacres d’Inates, situé au Nord-Ouest du Pays, ont eu lieu en mars et avril derniers avec un bilan tragique d’un minimum de soixante-onze (71) morts. Le vendredi 4 septembre dernier, la Commission Nationale des Droits Humains (CNDH) a rendu public son rapport des missions de vérification et d’établissement des faits concernant cette tragédie. Ce rapport accuse des éléments de l’armée nigérienne d’être responsables de ces tueries de victimes civiles dont les corps ont été retrouvés dans plusieurs fosses communes de la région.
Le ministre de la Défense nigérien, Issoufou Katambe, affirme que c’est à la justice d’établir la vérité sur ce qui s’est passé. « L’armée ne se reconnait pas à travers ces massacres et nous continuons à apporter notre soutien aux forces de défense et de sécurité dans le combat qu’elles mènent de jour et de nuit contre les terroristes ou contre la criminalité transfrontalière. […] J’ai reçu le rapport de la CNDH. J’ai accusé réception et l’ai envoyé au niveau de la juridiction compétente. […] La CNDH a dit ce qu’elle a à dire. Nous avons dit ce que nous avons à dire. Attendons que la juridiction tranche » soutient-il.
Selon un spécialiste des groupes terroristes dans le secteur du Sahel, Mr Seidik Abba, la raison de ce soutien immanquable du Ministre de la défense, s’explique par le fait que les autorités souhaitent éviter un risque sécuritaire. « Les autorités politiques ont encore besoin de cette armée sur le front, sur la zone des trois frontières. Le pouvoir a besoin d’un investissement total de l’armée » déclare le spécialiste.
Mais l’expert des groupes terroristes, évoque que le risque est aussi politique « parce qu’on ne sait pas comment les militaires peuvent être amenés à réagir s’ils sont désavoués par l’autorité politique. La réaction pourrait être celle d’une mutinerie ou la tentation d’une irruption sur la scène politique comme c’est arrivé au Mali. Donc l’ensemble de ces facteurs fait qu’on se retrouve dans une situation où le pouvoir politique peine à reconnaître cette responsabilité ».
De telles accusations d’inobservation de droits de l’homme ont été rapportées dans la sous-région également, rappelle Seidik Abba. « Ce n’est pas seulement le cas au Niger mais aussi au Burkina Faso, au Mali, où des allégations de violations de droits de l’homme ont été dénoncées par des organisations qui ont documenté ces différentes accusations de bavures commises par les armées régulières de ces pays » conclut-il.
Fatouma Akiné pour niameyinfo.
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