Burkina-Faso : Il y a 10 ans, la rue chassait du pouvoir Blaise Compaoré

C’était il y a 10 ans, le 31 Octobre 2014. Blaise Compaoré annonçait sa démission à la suite d’un soulèvement populaire à travers l’ensemble du pays.

31 Octobre 2014, le monde entier se réveille avec une nouvelle surprenante mais tout de même espérée par beaucoup. C’est fait, Blaise Compaoré n’est plus Président de la République du Faso. Alors au pouvoir depuis 27 ans, il aura fallu 48h au peuple burkinabè pour faire plier l’homme et l’obliger à prendre la clé des champs. A la base de cette décision, une insurrection populaire née de la volonté affichée du président de briguer un troisième mandat. Au programme, un projet de réforme de la constitution qui devait permettre de donner vie à une volonté manifeste de l’homme de se maintenir au pouvoir après deux septennat entre 1992 et 2005 et deux quinquennat (2005-2015). Ce nouveau coup de force constitutionnel, le troisième depuis son arrivée au pouvoir, devait permettre à Balise Compaoré de se présenter aux élections présidentielles de 2015.

Pendant des mois, la crise gronde, des partis politiques, des mouvements comme le balai citoyen s’insurgent contre le projet en initiant fréquemment des marches souvent réprimées par l’armée régulière. Le 30 Octobre, date prévue pour le vote de l’article 37 de la constitution devant permettre à Blaise Compaoré de briguer un troisième mandat, c’est l’escalade. Les rues sont prises d’assaut, l’assemblée nationale est saccagée et brulée. L’armée tire pour disperser les manifestants ; faisant des morts et plusieurs blessés. Cela n’arrête pas la foule en furie qui se dirige vers les locaux de la RTB-Télé qui sont ensuite saccagés, avec en conséquence, l’arrêt des programmes.

Dans la même journée, Blaise Compaoré acculé annonce la dissolution du gouvernement et décrète l’état de siège dans le pays. Après 24h d’hésitation, à travers un communiqué diffusé sur l’ensemble des chaînes et radios du pays Blaise Compaoré annonce le 31 Octobre 2014 avoir « décidé de mettre en œuvre l’article 43 de la constitution et déclare la vacance du pouvoir en vue de permettre la mise en place immédiate d’une transition devant aboutir à des élections libres et transparentes dans un délai maximal de 90 jours ». Dans les rues de la capitale et un peu partout dans le pays, cette décision est accueillie avec liesse. Le pouvoir est alors remis aux mains de l’armée et le désormais ancien président prend la route de l’exil pour la Côte d’Ivoire où il s’est depuis installé. Au final, cette insurrection aura fait 33 morts et 625 blessés.

En 2022, le Lieutenant-Colonel Paul-Henri DAMIBA lui-même arrivé au pouvoir à la suite d’un coup d’état qui a renversé le président Roch Marc Christian KABORE initie un sommet consacré à l’unité nationale. L’ancien président Blaise Compaoré y est d’ailleurs invité et malgré la polémique effectue un court séjour dans ce cadre au Burkina Faso. Quelques mois auparavant, il avait été condamné à perpétuité pour son rôle dans l’assassinat de Thomas SANKARA. En raison de la nationalité ivoirienne qu’il a pu acquérir en 2016, l’exécution de sa peine reste difficile et toute tentative d’extradition vers le Burkina Faso impossible.

Depuis, Blaise Compaoré désormais âgé de 73 ans vit une vie simple ponctuée de séjours médicaux fréquents dans des cliniques à Abidjan, au Maroc ou encore à Doha où il a d’ailleurs subi une opération du cerveau.