Dans la nuit allant du samedi 11 au dimanche 12 décembre 2020, jour d’élections locales au Niger. Les éléments de la secte Boko Haram ont attaqué la localité de Toumour située dans la région de Diffa, au sud-est du pays. Cette attaque fait état d’au moins 27 victimes, des milliers de maisons ainsi que le marché central incendié.
Cette attaque succédant à celle de la nuit allant du 10 au 11 décembre 2020, est la deuxième incursion du genre par les membres de la secte Boko Haram, ce mois de décembre dans la région de Diffa. La commune ciblée, Toumour accueille des milliers de déplacés de la région de Diffa.
« Les assaillants dont le nombre est estimé à près de soixante-dix sont arrivés à Toumour vers 18 h 45 locales [17 h 45 GMT] à pied, après avoir traversé à la nage [les eaux du lac Tchad] et ont sévi pendant trois heures, a-t-il raconté. Ils ont d’abord attaqué la résidence du chef traditionnel qui a pu leur échapper in extremis. » Il y a officiellement eu vingt-sept morts, des blessés et quelques disparus dans cette attaque qui est l’œuvre de Boko Haram », a affirmé à l’AFP un responsable du département de Bosso, dont relève le village de Toumour où a eu lieu l’attaque, près de la frontière avec le Nigeria. Un élu local, qui a évoqué une « barbarie inouïe », a souligné que le village avait été détruit à « 60 % ».
Le vote prévu ce dimanche 13 décembre 2020, n’a pu se tenir à Toumour en raison de cette attaque. « Certaines victimes ont été tuées ou blessés par balles, d’autres calcinées à l’intérieur des cases totalement consumées par les flammes d’un énorme incendie provoqué par les assaillants », a expliqué le responsable du département, qui a requis l’anonymat.
Cet incident est révélateur du climat dans le pays alors qu’avait lieu le même jour des élections municipales, selon Moussa Tchangari, Secrétaire Général de l’association Alternative Espace Citoyen. « C’est un problème sérieux, on sait définitivement que la sécurité va peser beaucoup dans le processus électoral. C’est certain ! »
Moussa Tchangari, ressortissant de la région de Diffa, a fait savoir que « C’est une attaque vraiment d’ampleur puisque les assaillants ont brûlé des centaines d’habitations, des habitations de fortunes de déplacés et de réfugiés. Mais il y a eu aussi des personnes qui ont été tuées. Dans la zone, c’était l’une des rares localités où la population avait décidé de rester. Et il y a eu plusieurs attaques dans cette localité. »
Malgré les annonces récurrentes de victoires militaires, Boko Haram et l’Iswap continuent à sévir : les groupes sont responsables en onze années d’insurrection de la mort d’au moins 36 000 personnes et de quelque deux millions de déplacés, selon l’ONU. La région de Diffa abrite selon l’ONU 300 000 réfugiés nigérians et déplacés nigériens, fuyant depuis 2015 les exactions des djihadistes. Diffa, la capitale régionale de 200 000 habitants située à la frontière avec le Nigeria, a été attaquée à quatre reprises en mai.
Hamadou Moussa Fatahou pour Niameyinfo.