Quand la pose anarchique d’affiches de campagne va à l’encontre du « Niamey Nyala » prôné par les autorités

Principaux carrefours et artères importantes de la capitale, bus, taxis, Faba-Faba, motos, portes et murs des maisons, sont inondés des affiches à l’effigie des différents candidats ou des banderoles aux couleurs de leurs partis. Ces différentes actions marquent le coup d’envoi pour les trois semaines de campagnes électorales pour les scrutins législatifs et présidentiels du 27 décembre prochain, selon le chronogramme de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Ces « décorations » placées de manière anarchique ne riment-elles avec l’insalubrité de la ville et ne sont-elles pas symboles d’incivisme ?

En seulement quelques jours, la ville de Niamey a changé de visage, les militants des différents candidats ont nuitamment pris d’assaut les principaux carrefours et presque chaque recoins des quartiers de la capitale avec des affiches à l’effigie de leurs candidats ou des banderoles aux couleurs de leurs partis. Il peut être constaté une effervescence devant les sièges des partis politiques, avec des animations culturelles, marquées de messages vantant les programmes de chaque candidat.

Faire de la publicité ou soutenir son candidat à travers des affiches n’est pas un mal en soi, seulement des lieux spécifiques sont dédiés à ce genre d’action. Pour Birdson Dan’sounsou Zoubair, avocat des droits humains et aussi activiste pour le changement de mentalité qui s’est érigé en défenseur des espaces publics, « l’ordre public et le civisme est un devoir envers tous. L’incivisme ne peut pas et ne dois pas être une culture dans nos pratiques. Et si c’est ainsi depuis des années, cela doit changer et changera. Nous ne devrons pas permettre à la mauvaise manière d’être une culture ».

L’avocat n’hésite pas à se déplacer vers les places et monuments publics pour arracher ces affiches placées aux mauvais endroits. « Avant de déchirer ces autocollants sauvages de campagne politique, je me suis d’abord posé la question du bon sens. Ceci est un panneau de signalisation et d’indication, un droit routier qui permet non seulement aux usagers de s’en servir, mais aussi qui  peut éviter les accidents dans certaines circonstances. Pourtant il ne se sont pas empêchés de les saccager en collant des autocollants sauvage qui finiront sans aucun doute par abimer et dégrader le bien public et l’ordre de la circulation routière » dénonce-t-il tout en ajoutant que « si jamais il vous arrive de rencontrer ce genre d’incivisme, n’hésitez pas à les dégager. Ça fait mal de voir combien de fois certains n’ont aucun amour pour leur ville en saccageant le bien public ».

Au-delà de la période électorale, ce phénomène d’affichage anarchique a la vie dure et est notable dans différents endroits de la ville. Il arrive en effet de retrouver parmi ces messages imprimés, quelques-uns qui ne sont pas des récents. « Au rond-point de l’hôpital national de Niamey, nous nous sommes arrêtés pour débarrasser ce joli monument national des  banderoles et d’affiches autocollants politiques qui. En les enlevant, Issa, un tablier est venu vers moi et m’a dit: “Le drapeaux que tu viens d’enlever a duré plus d’une année la bas c’est pour un parti politique ».

Ces actes d’incivisme, ont récemment eu, dans la journée du 5 décembre 2020, une tragique conséquence. Celle d’une équipe d’ouvriers assemblant une bâche en prélude à un meeting d’un parti politique sur le boulevard Tanimoune, qui a percuté accidentellement un câble de haute tension et qui ont malheureusement perdu la vie.

La ville de Niamey dispose des panneaux et autres espaces pour des affichages. Les responsables des formations politiques sont interpellés afin qu’ils sensibilisent leurs militants au respect des lieux publics et autres panneaux de signalisation. Les autorités quant à elles doivent aussi  veiller au respect des biens publics et exhorter la population à faire acte de civisme.

Akiné Fatouma pour niameyinfo.