Déclaration de presse
Il vous souviendra que depuis le 19 Mars 2020, six (6) de nos camarades, défenseurs des droits de l’homme, après 4 jours de garde à vue dans les locaux de la police judiciaire (PJ), sont arbitrairement placés en détention préventive dans diverses maisons d’arrêt du pays, et ce au mépris des dispositions pertinentes du code de procédure pénale qui n’autorisent la détention préventive qu’à titre exceptionnel.
Pire, ils sont placés sous mandat de dépôt, déportés et écroués dans des prisons situées en dehors du ressort du juge en charge de leur dossier, et pour la plupart situées dans une zone à haut risque, en état d’urgence sécuritaire :
-Habibou Soumaila, est déporté à Filingué, situé à plus de 180 km de Niamey.
-Moussa Tchangari et Mounkaila Halidou, respectivement à Tillabéri et Daykaïna, situés à plus de 100km.
-Maikoul Zodi, à Ouallam à environ 80 km de Niamey.
-Moussa Moudi, détenu à Kollo, situé à une trentaine de Km.
-et Sani Chekaraou, à la maison d’arrêt de Niamey.
Comme si cela ne suffit pas, le Gouvernement, à travers le ministre de la justice, s’est empressé, par voie de communiqué N*0067, à « porter à la connaissance du public, qu’en raison des mesures prises pour protéger la population contre le COVID19 et dans le prolongement de celles-ci, l’interdiction des visites aux détenus à compter du 20 mars 2020, et ce pendant trois (3) mois ». Cette mesure visiblement ciblée, inique, aux allures de règlement de compte, intervient seulement quelques heures après la déportation et l’incarcération de nos camarades ; et de toutes les mesures prises dans le cadre de la lutte contre la pandémie de COVID19, elle est curieusement la seule qui s’étend sur trois (3) mois. Pourquoi ?
Tout le monde peut facilement comprendre que ces artifices ô combien cyniques, ne visent qu’à réduire en silence les citoyennes et citoyens nigériens de plus en plus nombreux qui se mobilisent et revendiquent plus de transparence, de bonne gouvernance et d’Etat de droit dans ce pays aujourd’hui caporalisé, près d’une décennie durant, par une bande d’imposteurs éhontés.
Comme vous le savez, le seul tort de ces dignes fils de la nation aujourd’hui embastillés est d’avoir voulu organiser un meeting pacifique non seulement pour soutenir nos FDS dans le combat ô combien périlleux qu’elles mènent contre les terroristes, mais aussi et surtout pour exiger un traitement judiciaire de la rocambolesque affaire de prédation des ressources publiques allouées au Ministère de Défense Nationale. Cette intimidation ne passera pas ! la lutte citoyenne doit et va continuer, sans relâche.
Elle va continuer en intégrant désormais la nouvelle et lourde épreuve que nous impose la nécessaire lutte collective contre cette meurtrière pandémie de CORONAVIRUS ou COVID19. Nous sommes condamnés, en plus de la sensibilisation de masse pour la nécessaire observance des mesures préventives recommandées, de nous préoccuper des enjeux de la bonne gouvernance qu’induit la mise en œuvre du Plan d’Urgence élaboré, pour veiller à ce que les éternels affairistes ne se servent de la détresse collective pour également piller les ressources affectées à cette fin.
C’est pourquoi, au regard de tout ce qui précède et tenant compte de nos actions et revendications antérieures, le Cadre de Concertation et d’Actions Citoyennes de la société civile indépendante :
1. Exige la mise en liberté immédiate de tous les acteurs de la société civile actuellement en détention ainsi que l’abandon des charges fantaisistes échafaudées à leur encontre. Car rien, absolument rien, ne peut justifier leur maintien en détention. Au surplus, l’opinion publique nationale et internationale ne peuvent qu’être choquées de constater le maintien en détention des acteurs civiques, au même moment où le Président de la République décide des mesures de mansuétude en faveur de « 1540 détenus pour des raisons humanitaires et pour désengorger les maisons d’arrêt ». Personne, absolument personne ne peut comprendre ce cynique et insupportable règlement des comptes dont les apparatchiks du Gouri-système sont devenus coutumiers.
2. Exige du Gouvernement la levée immédiate des mesures d’interdiction des visites aux détenus. Cette mesure n’est pas nécessaire. Elle est contraire aux engagements internationaux de l’Etat du Niger consignés dans les règles N*58 et suivantes de l’Ensemble de Règles Minima des Nations Unies pour le Traitement des Détenus garantissant le droit des personnes privées de liberté de garder contact avec l’extérieur, en particulier avec leurs « familles et amis, à intervalles réguliers ». Les mesures de prévention comme le lavage et la désinfestation des mains, le port de bavettes aussi bien par les détenus que par les visiteurs, le respect des distances règlementaires, suffisent efficacement à protéger les droits des uns et des autres et à prévenir la maladie.
3. Lance un vibrant appel à l’ensemble des acteurs de la communauté internationale, en particulier aux institutions spécialisées des Nations Unies en matière des droits de l’homme, á l’Union Africaine, à l’Union Européenne et ses Etats membres, aux Etats Unies d’Amérique, de peser de tous leurs poids pour pousser les autorités de Niger à respecter leurs obligations internationales en matière de bonne Gouvernance, de démocratie et des droits de l’homme.
4. Réitère ses revendications portant sur le traitement judiciaire approprié du dossier de détournement et de malversation au ministère de la défense nationale. La diversion ne passera pas !
5. Renouvelle sa demande d’une enquête indépendante pour faire la lumière sur l’incendie du marché Tagabati, le dédommagement intégral des victimes de cet incendie ainsi que son exigence de la démission du ministre de l’intérieur et de toute la chaine de commandement au moment des faits, pour donner les chances de succès à cette enquête.
6. Appelle nos compatriotes à observer les mesures préventives contre la propagation du COVID19, tout en les invitant également à multiplier les invocations, pour qu’Allah, le miséricordieux, préserve notre pays et l’humanité toute entière de cette terrible pandémie. Cette maladie est une réalité. Chacun de nous doit donc faire tout ce qui est de son pouvoir et de sa possibilité pour contribuer à freiner sa propagation. C’est un devoir humain. Par la même occasion, le Cadre de Concertation invite les forces de sécurité à respecter scrupuleusement les droits humains lors de la mise en œuvre des mesures d’état d’urgence sanitaire.
7. Appelle le Gouvernement à revoir à la baisse les prix des hydrocarbures et à prendre des mesures de plafonnement des prix des produits de première nécessité dans une perspective de contrer d’éventuelle flambée des prix des produits et services basiques et préserver le droit de la population à un minimum vital.
8. Enfin, invite l’ensemble des forces vives de la nation à une synergie d’Actions et à continuer la pression citoyenne sur le double fronts de la lutte contre l’impunité, la mal gouvernance, le détournement des deniers publics et contre la propagation de la pandémie de COVID19.
Vive le Niger
Vive le contrôle citoyen de l’action publique
La lutte continue
Fait à Niamey, le 31 Mars 2020
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