Le Chef d’Etat Nigérien effectue ce jeudi une visite d’amitié et de travail au Nigeria. Un déplacement qui ne sera pas si amical que ça vu qu’il est sans nul doute motivé par la fermeture par les autorités de l’Etat fédéral de plusieurs postes frontaliers avec le Niger. Ce sera l’occasion pour Issoufou Mahamadou de s’enquérir auprès de son homologue nigérian des raisons qui ont motivé cette décision unilatérale.
Depuis le 20 août dernier, le Nigeria a fermé provisoirement et partiellement plusieurs points de passage frontalier avec le Niger. Le Bénin, l’autre voisin du pays de Buhari est concerné par cette mesure. Les répercussions sur les économies de ces deux pays, qui dépendent en grande partie des exportations vers le géant africain, se sont aussitôt fait ressentir. Plusieurs produits de première nécessité, ont dans la foulée, vu leur prix augmenter. C’est donc dans l’optique de faire fléchir Muhammadu Buhari, qu’Issoufou Mahamadou s’est rendu ce jeudi à Abuja. Le Chef de l’Etat nigérien est accompagné, dans ce déplacement, de M. Ouhoumoudou Mahamadou, Ministre, Directeur de Cabinet du Président de la République et M. Kalla Ankouraou, Ministre des Affaires Etrangères, de la Coopération, de l’Intégration Africaine et des Nigériens à l’Extérieur.
Ce que le Nigeria reproche au Niger et au Bénin
Le 20 août dernier, c’est sans avertir officiellement les autorités de ses deux voisins que le Nigeria est passé à l’action fermant ses frontières. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir émis de nombreux avertissements. Mais Muhammadu Buhari a déjà eu l’occasion de s’expliquer sur le sujet. En marge de la 7ème édition de la TICAD qui s’est à Yokohama du 28 au 30 août dernier, le Président nigérian a échangé avec son homologue béninois, Patrice Talon. C’est l’importation frauduleuse de riz qui constitue la pomme de discorde entre les pays voisins. Selon Buhari, ces importations massives et frauduleuses depuis le Bénin et le Niger ont de répercussions négatives sur le programme d’autosuffisance en matière de production de riz que son pays a atteint grâce à la stratégie mise en œuvre ces dernières années par le gouvernement fédéral. « Aujourd’hui que nos populations rurales sont retournées dans leurs fermes agricoles pour rehausser notre production, ce qui a permis à notre pays d’économiser d’énormes sommes d’argent qui auraient autrement été dépensées pour importer du riz en utilisant nos rares réserves étrangères, nous ne pouvons pas permettre la contrebande de ces produits agricoles dans des proportions aussi alarmantes », a expliqué Muhammadu Buhari à Patrice Talon.
Grâce à la stratégie du gouvernement fédéral, les importations de riz ont baissé de 95% en deux ans et le nombre de producteur est passé de 5 à 30 millions sur la même période. Aussi, il n’est pas question de permettre ce qu’il considère comme le sabotage de son économie. Il en sera donc questions lors des discussions entre Buhari et Issoufou ce jeudi. Si le premier connu pour son nationalisme surtout en matière économique, entend mettre fin à ces pratiques que les autorités nigérianes considèrent comme néfaste à la dynamique de la première économie du continent, le second va sûrement plaider pour un réexamen de la décision de fermeture. A la condition que les autorités du Niger et du Bénin « prennent de sérieuses mesures pour réduire le niveau de contrebande à leurs frontières », Abuja avait déjà promis réexaminer la réouverture des frontières dans un « avenir proche ». La présence d’Issoufou Mahamadou à Abuja pourrait accélérer les choses ou non.
Waliyullah Tajudeen pour Niameyinfo.