L’ancien Premier ministre malien, figure de proue du Mouvement du 5 Juin Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP), a été placé sous mandat de dépôt le mardi 19 août 2025. Ce placement fait suite à plusieurs auditions menées par la justice concernant sa gestion financière à la Primature et à l’Agence de gestion du fonds d’accès universel (AGEFAU). De combien parle-t-on et quels sont les griefs qui sont reprochés à l’ancien Chef de gouvernement ?
Selon un rapport du Bureau du Vérificateur général, la gestion financière de l’ancien Chef du gouvernement au titre des exercices 2021 à 2024 est entachée de graves irrégularités. Le document fait état d’un montant total de 2 068 394 986 FCFA d’irrégularités financières. Après régularisations et justifications partielles, il reste un reliquat de 1 731 351 066 de FCFA non justifié.
Parmi les irrégularités relevées figure l’utilisation de 262 millions de FCFA de fonds destinés au filet social pour des dépenses jugées inappropriées : achats de carburant et de denrées alimentaires, opérations de désinfection et de dératisation de bâtiments, subvention à l’URTEL pour l’organisation d’un congrès, ou encore financement de formations universitaires.
Le rapport dénonce également le paiement irrégulier de 803 205 425 de FCFA de “dépenses de souveraineté” au Premier ministre, en substitution des frais classiques de mission, d’hébergement et de déplacement.
La gestion de l’AGEFAU, dont l’ancien Premier ministre présidait le Conseil d’administration, n’échappe pas au collimateur du Bureau du Vérificateur général. Celui-ci, y relève des paiements indus de frais de mission, dont 15 millions de FCFA pour une seule journée, alors que les textes fixent l’indemnité journalière à 75 000 FCFA. Dans un autre cas, 20 millions de FCFA auraient été perçus pour deux jours de mission seulement.
Les irrégularités signalées ont été transmises à la Cour suprême et au pôle national économique et financier. L’ancien Premier ministre, autoproclamé “clarificateur” de la vie publique, devra désormais s’expliquer devant la justice sur ces montants considérables.
Zeynabou Assane Moumouni pour Niameyinfo.