Au moins une femme sur trois subit une forme de violence au cours de sa vie. Ceci, représente plus d’un milliard de femmes à travers le monde. La violence à l’égard des femmes et des filles représente l’une des formes d’atteinte aux droits de la personne les plus répandues et fréquentes dans le monde. Elles sont présentes dans tous les pays, sous diverses formes sans distinction de race; de culture ou de considérations raciales.
Violences à l’égard des femmes: des chiffres alarmants en Afrique subsaharienne
Les violences à l’égard des femmes sont de divers ordres. On y retrouve notamment les violences physiques, psychologiques, économiques, sexistes, domestiques ou encore sexuelles. Les mariages précoces, de même que les mutilations sexuelles figurent également sur cette liste et constituent, au même titre que les précédentes, une atteinte à la dignité humaine. D’ailleurs, en 2020, l’Afrique subsaharienne présente le plus grand taux de mariage d’enfants avec plus d’une femmes sur trois mariée avant ses 18 ans.
En Afrique, et plus précisément dans les pays encore sous développées ou en voies de développement, le risque de subir des violences est plus accu par les facteurs liées notamment à la pauvreté et aux considérations culturelles. La nature de ces violences varient suivant les pays et le contexte socio-culturel.
Selon l’UNICEF, en Afrique subsaharienne, les violences sexuelles très présentes, touchent plus de 70 millions de femmes.
En Côte d’Ivoire par exemple, les violences conjugales sont très répandues mais l’absence de statistiques officiels empêche d’avoir des chiffres probants.
Au Mali, selon la cartographie démographique du pays en 2019, 49% des femmes ont subi dans leur vie un acte de violence émotionnelle, psychologique, physique ou sexuelle.
Au Bénin; selon l’Institut National de la Statistique et de l’Analyse Économique INSAE, en 2019, environ trois (03) femmes sur dix (10) soit 27% âgées de 15 à 49 ans ont déjà subi des actes de violence dans leur vie.
Si l’excision est désormais interdite et punie dans plusieurs pays africains, elles restent tout de même très présente. En Guinée par exemple, 97% des femmes ont été excisées et 1/4 des filles de plus de 15 ans ont également subies cette mutilation génitale en 2022.
Ces divers chiffres ont connus une certaine tendance baissière ces dernières années en raison notamment des nombreuses actions initiées par les femmes avec le soutien d’organismes internationaux et projets de développement
Violences à l’égard des femmes: Une affaire de tous
Une étude de l’ONU Femmes publiée en 2019 révèle que «l’Afrique est la région du monde où les femmes ont le plus de risques d’être tuées par un partenaire intime ou un membre de leur famille». Si de nombreuses voix à l’instar de l’ancien Secrétaire Général de l’ONU Koffi Anan reconnaissent «les violences à l’égard des femmes comme l’une des plus flagrantes violations des droits humains», elles s’accordent également à reconnaître qu’elles «représentent certainement la plus insidieuse».
Les violences à l’égard des femmes, quelles que soient leur natures sont quelque peu favorisées par le silence des victimes. En effet, la peur de la stigmatisation et du jugement empêche les victimes de dénoncer leur bourreau. Au Niger par exemple, selon une étude de la fondation allemande Friedrich-Ebert parut en 2021, «99% des victimes de viols ne saisissent pas la justice».
Heureusement, depuis quelques années un peu partout en Afrique subsaharienne, les langues se délient de plus en plus et les femmes choisissent de briser le silence. Les organisations féminines se font de plus en plus présentes dans les pays d’Afrique subsaharienne pour soutenir, encourager les victimes et sensibiliser les communautés en particulier celles des milieux ruraux. Ces femmes sous la houlettes d’autres avec plus d’expérience, plus d’informations, s’organisent entre elles pour briser les tabous, s’instruire sur leurs droits et apprendre à lire et à écrire et œuvrent à leur autonomisation. Selon l’agence des Nations Unies , dans certains pays d’Afrique, «une fille vivant en zone rurale est deux fois plus susceptible d’être mariée enfant qu’une fille vivant en zone urbaine». Cette analyse démontre à suffisance à quel point les femmes vivant en milieu rural sont plus exposées à la violence que celles vivant en zone urbaine ayant accès à certaines informations et notamment à l’instruction.
Au niveau des États, la lutte contre les violences à l’égard des femmes est de plus en plus pris en compte et inscrit à l’agenda politique des dirigeants. Les actions et les initiatives se font de plus en plus légion sur le terrain; séances de sensibilisation, installation de numéros verts pour dénoncer les cas de violence, création d’un ministère chargé des affaires féminines dans certains pays ou encore mise en place de programmes d’autonomisation financières pour les femmes à travers l’octroi de microcrédits, les gouvernements s’impliquent du mieux qu’elles peuvent dans le respect des droits des femmes. Même si ces politiques manquent souvent d’efficacités et peinent à produire des résultats probants et durables elles apportent un tant soit peu du soulagement aux femmes et leur donnent le sentiment d’être soutenues, entendues et prises en compte.
Marthe-Carmelle OKOUMASSOUN pour NiameyInfo